Les opérations de sauvetage en mer sont de nouveau sous le feu des projecteurs après les efforts insensés déployés par les autorités italiennes pour empêcher le débarquement de rescapés sortis des eaux par les navires de trois organisations non gouvernementales, dont Médecins sans frontières (MSF), et les marchandages politico-diplomatiques qui ont suivi.
Ces difficultés s’inscrivent dans le contexte d’années de harcèlement visà-vis des personnes migrantes et de ceux qui leur viennent en aide, de mensonges répétés à l’encontre de ces derniers, en particulier sur leur présumée complicité avec les passeurs, ainsi que du démantèlement du dispositif de sauvetage en Méditerranée.
A ces accusations, nous répondons : excusez-nous de vous déranger en ne les laissant pas se noyer ! Il y a une sacrée indécence à accuser nos organisations de favoriser les traversées alors que les Etats européens, France et Italie en tête, n’ont eu de cesse de promouvoir, en soutenant les gardes-côtes libyens, un système de refoulement et de détention fondé entièrement sur la violence. Pour la seule année 2022, plus de 17 000 personnes – hommes, femmes, enfants – ont ainsi été ramenées en Libye et souvent incarcérées dans des centres de détention où elles sont soumises à de multiples abus et privations.
Complices de ces crimes
Or, qui sont ces « gardes-côtes libyens » si ce n’est un assemblage disparate de milices en armes, simples entrepreneurs politico-militaires de la violence ? Ces groupes, dont la porosité avec les réseaux qui organisent le trafic d’êtres humains est largement démontrée, reçoivent le soutien financier de l’Union européenne et de l’Italie, et sont adoubés par l’ensemble des gouvernements européens. En réalité, vous êtes les premiers complices de ces crimes.
Une fois ramenées dans les centres de détention, les personnes interceptées seront pour la plupart soumises à un chantage atroce : rester enfermées dans ces cages fétides des mois encore ou bien payer une rançon pour être libérées ; ou encore se résoudre à intégrer le programme de « retours volontaires » dans leur pays d’origine, organisé par l’Organisation internationale des migrations.
Seuls quelques-uns finiront par bénéficier de la protection du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, qui ne les protégera en rien de la violence et de la détention, mais sera la première étape, pour un nombre très faible d’entre eux, vers une possible relocalisation dans un pays européen.
« Qu’ils retournent en Afrique » ? Mais, en réalité, nulle part au sein des autorités françaises et européennes cette politique ne fait débat ! Plus de vingt-cinq mille personnes sont mortes en Méditerranée depuis 2014, et près de deux mille pour la seule année 2022. Là encore, nul débat au sein des autorités françaises et européennes, moins encore de remise en cause.
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