Plus de 80 % de nos émissions de gaz à effet de serre proviennent de la combustion des énergies fossiles : gaz, pétrole et charbon. Nous n’avons donc pas d’autre choix que de réduire drastiquement nos consommations d’énergies fossiles. Pour y parvenir, le gouvernement semble compter en premier lieu sur des solutions technologiques (déploiement de la voiture électrique, par exemple), mais aussi sur une « sobriété volontaire », tout en maintenant un bouclier tarifaire sur le prix du gaz et une remise à la pompe, même pour les plus aisés. Mais peut-on vraiment baisser drastiquement nos émissions en maintenant des prix de l’énergie bas pour tous ?
La première solution qui vient à l’esprit consiste à limiter les émissions par des interdictions ciblées. On pourrait d’abord supprimer certaines émissions qui paraissent superflues. Interdire les trajets en jets privés entre dans cette catégorie de mesures. Plus généralement, on pourrait en priorité cibler les émissions des biens consommés uniquement par les plus riches. Mais si on arrivait à ramener les émissions des 10 % des ménages les plus riches au niveau de celles d’un ménage français médian, on ne baisserait les émissions que de quelques points de pourcentage. C’est donc loin d’être suffisant.
Une autre partie de la solution est technologique. Les technologies vertes progressent. On a observé par exemple, entre 2010 et 2019, une baisse de coût de production de 85 % pour le solaire, de 55 % pour l’éolien, de 85 % pour les batteries au lithium. Mais les technologies vertes ne nous permettent pas pour l’instant de garder notre mode de vie inchangé tout en diminuant suffisamment nos émissions. Et on observe justement que plus le prix des énergies fossiles est élevé, plus les innovations vertes sont nombreuses.
Volonté individuelle et collective
Le troisième levier est le changement des comportements. Les scénarios permettant à la France d’atteindre ses objectifs de baisse d’émissions comportent tous une bonne dose de sobriété énergétique. La sobriété consiste à diminuer la consommation d’énergie par des changements de mode de vie et des transformations sociales plutôt que par des gains d’efficacité permis par la technologie.
Dans tous ces scénarios ou presque, il est prévu de baisser le nombre annuel moyen de kilomètres parcourus en voiture, de développer le covoiturage, de diminuer la part de l’avion dans les déplacements, de réduire le poids des voitures pour baisser leur consommation, de limiter la surface de logement par habitant pour réduire les besoins en chauffage, de baisser la température des logements et des bureaux, etc.
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