« Nous sommes un parti normal, mais pas un parti comme les autres : les autres, c’est la guerre des tranchées. Chez nous, il y a une forme d’unité à préserver, c’est mon souhait. » De ce souhait, énoncé par Jordan Bardella il y a un mois, il ne reste plus rien. Elu, samedi 5 novembre, avec un score au-delà de ses espérances (84,84 %), signe de sa grande popularité auprès des 36 600 militants, le nouveau président du Rassemblement national (RN) a fait le choix de rompre avec l’unité du parti en formant un bureau exécutif à sa main.
Louis Aliot est le seul non-membre de la garde rapprochée de Jordan Bardella à intégrer cette instance, composée de douze personnes. Ses alliés dans la campagne interne, les élus du Pas-de-Calais Steeve Briois et Bruno Bilde, des proches de Marine Le Pen, sont écartés de l’instance, qu’intègre entre autres Gilles Pennelle, militant frontiste depuis trente-cinq ans accusé d’avoir collaboré avec un groupuscule néopaïen racialiste, Terre et Peuple.
La plus éminente victime de cette décision, le maire d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois, a claqué la porte dans un vacarme de tous les diables : dans la foulée de l’annonce de la composition du bureau exécutif, il envoyait à la presse un communiqué dénonçant « un début de purge contre ceux qui défendent la ligne sociale ». Homme de base du marinisme, Steeve Briois a longtemps labouré le bassin minier du Pas-de-Calais avant de conquérir la mairie – pour lui – et la députation – pour Marine Le Pen – d’Hénin-Beaumont.
Cela lui vaut une popularité réelle au sein du parti : au vote des militants, il est arrivé en quatrième position derrière le vice-président de l’Assemblée nationale Sébastien Chenu, le maire de Fréjus, David Rachline, et la sœur de l’ancienne présidente, Marie-Caroline Le Pen. Jordan Bardella, Louis Aliot et Marine Le Pen n’étaient pas candidats au conseil national.
« Positions droitardes »
Le « clan d’Hénin-Beaumont » y voit le signe d’un « rabougrissement » idéologique du RN, qui s’éloignerait d’un « gaucho-lepénisme » pour se rapprocher du zemmourisme. « Alors que depuis de nombreux mois je tire la sonnette d’alarme sur une potentielle “reradicalisation”, je ne peux voir dans mon éviction qu’une sanction pour avoir voulu sensibiliser sur un phénomène que les faits confirment, depuis les ronds de jambe faits à certains intégristes, jusqu’à l’adoption de positions droitardes, contraires à mon sens au “ni droite ni gauche” qui a prévalu pendant des décennies au Front national », écrit Steeve Briois.
Il vous reste 60.12% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.