Chaque mercredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, honneur au reggae, à propos duquel le chanteur ghanéen Stonebwoy déclarait récemment : « Le reggae est enraciné au cœur de l’Afrique, il n’appartient fondamentalement à aucune société caribéenne, il appartient aux Africains et nous en profitons de diverses manières. »
Des propos qui ont fait bondir en Jamaïque, berceau du genre, mais qui témoignent du fait que le continent a su s’approprier cette musique. La preuve par trois avec Tiken Jah Fakoly, Meta & The Cornerstones et Temi Oyedele.
« Où est-ce que tu vas ? », de Tiken Jah Fakoly
Et de onze pour Tiken Jah Fakoly ! Vendredi 4 novembre, le chanteur ivoirien installé à Bamako fera paraître son nouvel album, Braquage de pouvoir. A 54 ans, ce pilier du reggae africain continue de ressasser avec toujours autant d’efficacité les thèmes qui lui tiennent à cœur, brocardant les chefs d’Etat qui s’accrochent au pouvoir ou le transmettent à leur descendance, mettant en garde contre les dangers de l’immigration ou les dérives commises au nom de la religion, se désolant du potentiel inexploité de l’Afrique…
Un message universel – et non dénué d’espoir – auquel se joignent plusieurs invités comme le Jamaïcain Winston McAnuff et les Maliens Amadou & Mariam.
« Two Pockets », de Meta & The Cornerstones
Le reggae a aussi trouvé une terre d’élection au Sénégal, où il s’est notamment mêlé à l’univers des « baye fall », des disciples du mouridisme portant des dreadlocks et, accroché au cou, le portrait d’Ahmadou Bamba, fondateur de cette confrérie soufie.
Même s’il vit aux Etats-Unis, Meta Dia puise dans cette tradition pour insuffler sagesse et spiritualité à sa musique, comme en témoigne le clip de Two Pockets, paru mi-septembre et extrait de l’album Dia qu’il a sorti en septembre 2021 avec son groupe, The Cornerstones. Un opus qui, fidèle aux préceptes rastas, appelle à la paix, l’amour et l’unité face aux maux que sont le racisme, la pauvreté, la guerre ou la pollution.
« I Dupe (Thanks Giving) », de Temi Oyedele & Adrian Sherwood
Enfin, le reggae se conjugue également au féminin dans l’album collectif Dub No Frontiers, paru mi-octobre et initié par le producteur britannique Adrian Sherwood pour montrer que ce genre n’est pas réservé aux hommes. Il a donc envoyé des compositions à dix artistes du monde entier en leur proposant d’interpréter dessus une chanson de leur choix dans leur langue natale.
Parmi les musiciennes qui ont répondu à l’appel, trois Africaines : la Tunisienne Neyssatou, qui reprend en arabe le War de Bob Marley, l’Erythréenne Saba Tewelde, qui scande un hymne à sa patrie, et la Nigériane Temi Oyedele, basée à Lagos, dont le morceau I Dupe (Thanks Giving) est chanté en yoruba.
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