Pour réussir à voir loin dans le temps, les prévisionnistes étudient la température dans les océans tropicaux, mais également les phénomènes El Niño et La Niña.
Le 27 octobre, Météo-France dévoilait ses tendances météorologiques pour novembre, décembre et janvier, avançant que ces mois avaient 50% de chances de correspondre aux normales de saison. L’organisme de prévisions météorologiques s’est même avancé sur les précipitations, assurant que la période sera sans doute plus sèche au nord, plus humide le long de la Méditerranée.
Mais alors que les prévisions météorologiques sont parfois encore incertaines une semaine voire quelques jours à l’avance, comment les experts de Météo-France parviennent-ils à dégager de grandes tendances en se projetant jusqu’à trois mois dans le futur?
De premiers éléments à prendre avec précaution
D’abord, Météo-France l’assure: ces tendances ne sont en rien des prévisions, censées donner le climat jour après jour. Elles servent simplement à déterminer des conditions climatiques moyennes, uniquement pour les températures et les précipitations.
En clair, les experts de Météo-France se bornent à indiquer si la saison qui arrive sera plutôt chaude, plutôt froide ou en accord avec les normales de saison.
Ces tendances sont également à prendre avec précaution. Elles ne peuvent pas prévoir de courts phénomènes localisés, soit de chaleur, soit de froid, et ne s’appliquent qu’à de très grandes étendues, au moins 1000km sur 1000km. De même, elles sont plus ou moins fiables selon divers paramètres.
« Elles sont meilleures pour la température que pour les précipitations, et pour la température, souvent meilleures en hiver qu’en été », indique Météo-France sur son site.
Une batterie de paramètres passés au crible
Des limites qui ne veulent cependant pas dire que ces tendances sont dénuées de tout fondement scientifique. Pour les faire émerger, les prévisionnistes de Météo-France se basent sur une batterie de paramètres, passés à la loupe chaque mois.
D’abord, c’est un examen minutieux du système climatique dans sa globalité qui va être opéré par les experts, s’attardant sur les océans, l’atmosphère, mais aussi la banquise. La température des océans tropicaux est passée au crible en parallèle.
« Les anomalies de chaleur des océans tropicaux sont des éléments déterminants pour l’élaboration de ces tendances », indique Météo-France.
Enfin, les phénomènes El Niño et La Niña sont regardés de près, car ils possèdent une influence importante sur la météo à l’échelle mondiale. Le premier renvoie au phénomène climatique qui cause des températures anormalement élevées de l’eau dans l’est du Pacifique, au large du Pérou. Le second, à des températures anormalement froides dans le centre de l’océan Pacifique.
Ces différents paramètres sont ensuite mis en comparaison avec les différents scénarios étayés par les 14 modèles de prévisions saisonnières dans le monde pour faire émerger des tendances.
« Un enjeu sociétal »
Par le passé, ces tendances se sont-elles révélées fiables? Guillaume Séchet, météorologiste à BFMTV, assure au Progrès qu' »il y a rarement des prévisions complètement à l’inverse de ce qu’on observe ».
La preuve: les météorologues ont alerté dès février dernier sur la possibilité d’un printemps et d’un été secs et chauds. Bien que les records de chaleurs enregistrés en 2022 n’aient pas pu être prévus avec précision, la tendance observée était la bonne.
Météo-France estime d’ailleurs qu’en plein changement climatique, les tendances publiées chaque mois revêtent désormais d’une importance capitale. « Dans un monde confronté aux défis du changement climatique et de la transition énergétique, le développement des applications des tendances à trois mois en Europe est devenu un enjeu sociétal », détaille l’institut.