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Une ancienne icône du narcotrafic au Mexique réclame des royalties à Netflix

Une ancienne icône du narcotrafic au Mexique réclame des royalties à Netflix


LETTRE DE MEXICO

Sandra Avila Beltran, lors de son arrestation à Mexico, le 28 septembre 2007.

Sandra Avila, ancienne icône du narcotrafic mexicain, a passé huit ans en prison au Mexique et aux Etats-Unis, et elle accuse aujourd’hui Netflix d’utilisation abusive de son image dans une série. La Reine du Sud cartonne sur la plate-forme de streaming en racontant l’ascension mafieuse d’une jeune et belle mexicaine jusqu’à prendre les rênes d’un cartel international de la drogue. A 62 ans, Mme Avila se lance dans une bataille, juridique et médiatique à la fois, qui relance le débat sur les narco-séries dans un pays meurtri par la guerre des cartels.

L’affaire a commencé cet été, lorsque l’avocat de Mme Avila, Israel Razo Reyes, a révélé que sa cliente avait engagé une « procédure administrative » auprès de l’Institut mexicain de la protection de la propriété industrielle (IMPI). Dans une interview accordée le 28 août à la chaîne mexicaine Milenio TV, M. Razo Reyes a annoncé son intention de « déposer une plainte au civil », après l’avis de l’IMPI : « L’image de ma cliente est directement affectée (…) en étant présentée comme une narcotrafiquante. » Selon lui, le « dédommagement » pourrait s’élever « jusqu’à 40 % des bénéfices » générés par la série, produite et diffusée dès 2011, dans une première mouture, par Telemundo.

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La chaîne américaine hispanophone est aussi visée. Lors du lancement, en 2019, de la deuxième saison de La Reine du Sud, Telemundo aurait diffusé des images de l’arrestation de Sandra Avila, douze ans plus tôt à Mexico, et de son extradition aux Etats-Unis en 2012. Un amalgame entre la vie réelle de celle que les Mexicains surnomment « la reine du Pacifique » et les aventures de Teresa Mendoza, l’héroïne de la série jouée par l’actrice mexicaine Kate del Castillo. A l’origine, La Reine du Sud est tirée du best-seller éponyme (Editions du Seuil, 2003, 575 pages) de l’écrivain espagnol Arturo Pérez-Reverte, qui a nié s’être inspiré de la vie de Mme Avila.

Opératrice financière du cartel de Sinaloa

Contrairement à l’héroïne de la série, la sexagénaire n’a jamais pris la tête du cartel de Sinaloa, le plus puissant du Mexique. Mais elle en a été une des opératrices financières. Cette séductrice aux grands yeux noirs est la nièce de Miguel Angel Felix Gallardo, alias « El Padrino » (le parrain), le grand baron mexicain de la drogue des années 1980. Sa beauté et sa réputation mafieuse ont inspiré de nombreux narcocorridos, chansons à la gloire des narcotrafiquants.

La justice n’est jamais parvenue à prouver son implication dans la gestion de l’une des principales routes de la cocaïne en provenance de Colombie grâce à l’aide de son concubin, Juan Diego Espinosa, narcotrafiquant colombien, arrêté comme elle le 28 février 2007. Elle a été condamnée au Mexique et aux Etats-Unis uniquement pour blanchiment d’argent et association de malfaiteurs. La justice américaine l’a libérée, en août 2013, après une négociation restée confidentielle avec le ministère public. De retour au Mexique, un juge l’a libérée à son tour, en février 2015, au motif qu’elle avait déjà purgé sa peine pour les mêmes délits. A sa sortie de prison, « la reine du Pacifique » s’est vite fait oublier.

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