Une foule compacte, enthousiaste, des drapeaux en pagaille, des slogans appelant à « plus de justice sociale » et à « tous les virer », la « marche contre la vie chère et l’inaction climatique » de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), qui s’est étirée dimanche 16 octobre de Nation à Bastille à Paris, a redonné du baume au cœur des partis de gauche.
Incontestablement, la véritable star de cette journée était Jean-Luc Mélenchon, même si La France insoumise (LFI) avait tout fait pour que cette marche soit la plus œcuménique possible. « C’est la grande conjonction, c’est nous qui la commençons avec cette marche qui est un immense succès », s’est félicité le septuagénaire, arrivé aux bras de la Prix Nobel de littérature Annie Ernaux, et s’exprimant depuis un camion faisant office d’estrade roulant au milieu de la foule, sur lequel se sont succédé tout l’après-midi personnalités politiques, syndicats et associations. « La France montre à cet instant qu’elle n’est pas résignée, qu’elle ne baisse pas les yeux, qu’elle n’est pas domestiquée », a scandé Jean-Luc Mélenchon, appelant à « la construction d’un nouveau Front populaire qui exercera le pouvoir dans le pays le moment venu ».
Evoquée dès juillet, cette journée de manifestation, dont le succès était loin d’être assuré en raison de l’absence des grandes centrales syndicales, bénéficie d’un alignement de planètes inespéré, regonflée par la crise du carburant, la grogne sur le pouvoir d’achat, et la menace du gouvernement de brandir le recours à l’article 49.3 de la Constitution pour passer en force sur le budget. Au final, la marche, qui n’a pas échappé à certains moments de tension avec les forces de l’ordre en marge du défilé, aurait attiré 140 000 personnes selon ses organisateurs – bien plus que les 100 000 réunies le 20 mars dernier par Jean-Luc Mélenchon lors d’une journée comparable – mais seulement 30 000 personnes d’après la police. Le cortège a réuni au-delà des seuls militants de gauche et de la Nupes, avec également des étudiants, fonctionnaires, personnels hospitaliers, professeurs, syndicalistes, et « gilets jaunes ».
Outre Jean-Luc Mélenchon, toutes les figures de l’alliance, comme Alexis Corbière ou Clémentine Autain pour LFI, Olivier Faure pour les socialistes, Cyrielle Chatelain ou Sandrine Rousseau pour les écologistes, Ian Brossat pour les communistes, ont marché ensemble les quelque 2,1 kilomètres du parcours. Tous espèrent que cette marche a refermé la parenthèse des affaires Quatennens et Bayou. Grands absents du jour, le chef de file communiste, Fabien Roussel, à couteaux tirés avec Jean-Luc Mélenchon, et l’ancien candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot. Afin qu’aucun des partenaires de la Nupes ne se sente lésé, le temps de parole du leader de la LFI a fait l’objet de discussions cette semaine. « J’avais dit qu’il ne fallait pas que ce soit la marche de telle ou telle obédience », confirme l’écologiste Hélène Hardy.
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