La scène est passée en boucle, mercredi 12 octobre, sur les chaînes d’information en continu. Captées à l’entrée de la raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime), les images montrent Mathilde Panot face à des salariés qui ont cessé le travail pour réclamer une hausse de leur rémunération : « La grande peur du gouvernement, c’est que ces grèves fassent tache d’huile », a lancé la présidente du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, flanquée de quatre autres députés de sa formation. Jeudi, c’est leur collègue François Ruffin, élu dans la Somme, qui est allé apporter son soutien aux personnels de la raffinerie Total à Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime).
A l’approche de la « grande marche contre la vie chère et l’inaction climatique », qu’ils organisent, dimanche 16 octobre à Paris, les « insoumis » cherchent à tirer parti de l’effervescence sociale du moment pour pousser dans la rue le plus grand monde. « La grève crée une ambiance favorable, estime le député (LFI, Seine-Saint-Denis) Alexis Corbière. Ça profite à l’idée que notre marche est fidèle à l’histoire sociale française et ne constitue pas le prétendu “putsch trumpiste” évoqué par des macronistes illuminés. » Présente, mercredi soir, au meeting parisien du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), la députée « insoumise » Clémentine Autain a renchéri : « Les grèves prennent franchement et s’étendent. Dimanche, accompagnons ce mouvement et menons le bras de fer contre le gouvernement. »
Cette mobilisation du 16 octobre, qui se voulait la plus large possible, ne fera cependant pas le plein. Depuis plusieurs semaines, des discussions s’étaient nouées entre les différentes composantes de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes), des associations, telles que Attac et la Fondation Copernic, et des syndicats (la CGT, la FSU, Solidaires). Objectif : parvenir à une « convergence » des luttes. Mais les directions nationales des trois organisations de salariés ont finalement décidé de ne pas appeler à défiler avec LFI.
« Mélenchon nous fait souvent la leçon »
Plusieurs explications sont mises en avant par Philippe Martinez. « Notre souhait était d’avoir des mots d’ordre plus précis, mais nous n’avons pas été beaucoup entendus », confie le numéro un de la CGT. Il avoue également être « dubitatif » face à la dimension nationale de l’opération, avec un seul cortège déployé à Paris, qui n’accorde, de ce fait, aucune place « aux initiatives au plus près des territoires ». Pour ne rien arranger, « des décisions ont été prises en dehors des réunions ». Et les réflexions « tonitruantes » de Jean-Luc Mélenchon, le leader de LFI, à propos des syndicats jugés « trop timorés » ont fini par lasser, comme l’affirme Murielle Guilbert, codéléguée générale de Solidaires. « Il nous fait souvent la leçon et prétend que l’on n’a rien compris à la charte d’Amiens », abonde M. Martinez à propos de M. Mélenchon, en évoquant le texte, adopté en 1906 par la CGT, qui pose le principe d’indépendance du syndicalisme par rapport aux partis.
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