Pour favoriser le retour à l’emploi des seniors, le ministre du travail, Olivier Dussopt, suggère, dans une interview au Journal du dimanche, de permettre aux chômeurs âgés qui retrouvent un emploi moins bien payé de continuer à toucher une partie de leur indemnité.
En 2021, seuls 35,5 % des 60-64 ans occupaient un poste, selon le Conseil d’orientation des retraites, soit l’un des plus faibles taux d’Europe. Ce faible taux d’emploi des seniors est souvent brandi comme un argument contre la réforme des retraites du gouvernement, qui envisage de relever l’âge de départ à 64 puis 65 ans d’ici 2031 pour assurer l’équilibre financier du régime.
« Pas la culture de l’emploi des seniors »
Pour Olivier Dussopt, les mauvais résultats de la France s’expliquent en partie parce que « notre système économique n’a pas la culture de l’emploi des seniors ». Il déplore aussi « des dispositifs qui peuvent être perçus comme des encouragements, pour les employeurs, à se séparer des seniors », comme « la durée maximale d’indemnisation chômage, qui, à partir de 55 ans, passe de vingt-quatre à trente-six mois ».
Pour favoriser le retour à l’emploi, « une des pistes pourrait être de permettre à un senior qui accepte un emploi moins bien payé de conserver une partie de son indemnité chômage afin de compenser le manque à gagner. Nous pourrons y travailler », propose Olivier Dussopt, qui souhaite « également favoriser la retraite progressive et le cumul emploi-retraite » ou « la création d’un index professionnel de l’emploi des seniors, sur le modèle de celui pour l’égalité femmes-hommes. »
« Refuser un CDI est une liberté »
Le ministre du travail pilote la réforme des retraites et celle de l’assurance-chômage. Concernant cette dernière, qui a été votée à l’Assemblée nationale et doit arriver au Sénat, plusieurs députés ont déposé des amendements pour bloquer l’accès aux indemnités chômage aux salariés en contrat à durée déterminée (CDD) qui refuseraient une offre de contrat à durée indéterminée (CDI).
Le ministre s’y oppose, considérant que « refuser un CDI est une liberté », et que ce serait techniquement difficile à contrôler. En revanche, M. Dussopt affirme que « selon le code du travail, l’employeur n’est pas tenu de payer » la prime de précarité de fin de CDD en cas de refus de CDI, et qu’il compte voir, avant l’examen au Sénat, « s’il est possible de mieux formuler cette disposition afin d’éviter de pénaliser l’employeur sans forcément modifier les droits à l’indemnité ».