Si la guerre est officiellement terminée, depuis le 15 août 2021, en Afghanistan, il n’est pas de semaine sans que la violence ne frappe la population civile. Au moins 19 personnes ont été tuées, vendredi 30 septembre, à Kaboul dans un attentat suicide visant le Centre d’enseignement supérieur Kaaj, une école privée préparant aux examens d’entrée à l’université. Une trentaine de blessés ont, par ailleurs, été recensés par le ministère de l’intérieur taliban. Situé au cœur du quartier de Dasht-e-Barchi, dans l’ouest de la capitale afghane, habité à 95 % par les Hazara, une minorité chiite, cet établissement était l’un des rares à encore accueillir des filles et des garçons ensemble, dans des salles de classe communes.
Vendredi soir, l’attentat n’était toujours pas revendiqué mais les autorités afghanes et étrangères considéraient que l’organisation Etat islamique (EI), à l’origine de nombreuses attaques similaires, pourrait avoir sa part de responsabilité dans cet acte. Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Abdul Nafi Takor, a assuré qu’un suspect ayant un lien avec l’attaque avait été arrêté, sans fournir de détails. Par le passé, des déclarations similaires n’avaient débouché sur aucun fait tangible.
Une majorité de jeunes filles touchées
Selon l’un des responsables du Centre d’enseignement supérieur Kaaj, joint par messagerie, l’assaillant, prétendant être un élève, s’est présenté vers 7 h 30 devant les deux gardes armés qui filtraient l’entrée avant d’accéder à un passage sécurisé par un sas en béton. Après avoir abattu les deux hommes, il a fait irruption dans l’enceinte et s’est glissé par la porte avant dans le grand amphithéâtre de l’école, où plusieurs centaines d’étudiants planchaient depuis une heure sur un examen blanc. Le bruit des coups de feu était parvenu jusqu’à eux mais ils n’ont pas eu le temps de quitter les lieux.
Le kamikaze a déclenché sa ceinture d’explosifs au pied de l’estrade, devant les rangs occupés par les filles, ce qui explique qu’une majorité des victimes soient des femmes. Les garçons ont été moins touchés car ils se trouvaient installés dans les rangs supérieurs de la classe. Le toit en tôle s’est effondré et une partie des murs a été soufflée par l’explosion. Les images des médias locaux montraient, vendredi, les familles affluer, souvent en pleurs, dans les hôpitaux de la ville à la recherche de leurs enfants. Des listes des étudiants décédés ou blessés ont été accrochées à l’entrée des établissements de santé.
Au mois de juin, Le Monde s’était rendu dans cette même école. Déjà ciblée en 2017 sur un autre site, elle avait déménagé en 2019. Avant de découvrir la porte, anonyme, de l’établissement, il fallait emprunter une ruelle perpendiculaire au boulevard Shahid-Mazari. Son administrateur, Mohammad Zahir Mohammadi, accueillait le visiteur avec réserve, craignant autant l’EI que les talibans. « Les agents du ministère pour la promotion de la vertu et la prévention du vice nous contrôlent deux à trois fois par mois, disait-il. Il règne beaucoup d’incertitude et on craint les attaques terroristes. »
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