Lorsqu’il parle de son pays, Luigi Consiglio se montre toujours intarissable. Et surtout très fier : « Les crises politiques ? Le Covid ? Aucun problème : le tissu industriel italien est parmi les plus forts au monde, rien ne peut le mettre à genoux », vante cet entrepreneur, président de GEA, un cabinet milanais soutenant les PME italiennes dans leur développement à l’international. Depuis quelques semaines, pourtant, sa confiance vacille. Nombre d’entreprises familiales faisant la force du Nord industriel ont de plus en plus de mal à faire face à la flambée des prix de l’énergie. « Certaines sont à court de cash pour payer les factures, c’est très inquiétant », confie-t-il, soudain sombre.
Il n’est pas le seul. « Entre la baisse du marché russe, le bond des prix et les perturbations logistiques liées aux confinements chinois, notre territoire est pénalisé et en proie au doute », déplore Giovanni Dini, de la Confédération nationale de l’artisanat de la région des Marches, riche en petites entreprises œuvrant dans la mode, la production mécanique et la transformation agroalimentaire. « Nous sommes confrontés à un séisme économique », s’est alarmé Carlo Bonomi, le patron de la Confindustria, le Medef italien, le 1er septembre, sur la radio italienne RTL 102.5. Avant de mettre en garde : « Nous ne pouvons pas attendre deux mois, le temps que cela devrait prendre pour que nous ayons un nouveau gouvernement ».
Après la démission le 21 juillet de Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) qui avait réuni un gouvernement de « grande coalition » en février 2021, les Italiens se rendent aux urnes le 25 septembre pour renouveler leur Parlement. « Le résultat du scrutin fait peu de doute : le parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, porté par Giorgia Meloni, devrait arriver en tête », pronostique Marcos Carias, économiste zone euro chez Coface. Cette formation devrait être en mesure de former une coalition avec la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et Forza Italia (droite libérale) de Silvio Berlusconi. « La parenthèse Mario Draghi se referme, et cela aura de lourdes conséquences sur l’économie », estime Franco Pavoncello, professeur de sciences politiques à l’université John Cabot, à Rome.
Continuité dans les réformes ?
A y regarder de près, l’Italie a pourtant, en dépit des difficultés essuyées par les entreprises, plutôt bien résisté à la crise énergétique – du moins, jusqu’ici. Au deuxième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a ainsi progressé de 1,1 %, contre respectivement 0,5 % et 0,1 % seulement en France et en Allemagne. La consommation a même bondi de 2,6 %.
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