Les compagnies aériennes vont annuler un millier de vols en France vendredi en raison d’un préavis de grève des aiguilleurs du ciel qui risque aussi de provoquer des retards, conduisant la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) à conseiller aux voyageurs de reporter leurs déplacements. La DGAC avait demandé dès mardi aux compagnies de réduire de 50% leur programme de vols en France métropolitaine et en Outre-mer, à la suite de ce mouvement social lancé par le principal syndicat de contrôleurs aériens qui réclame des augmentations de salaires et des embauches.
« Des annulations à prévoir sur tout le territoire »
Selon les premières informations communiquées par les compagnies, « environ 1.000 vols (seront) annulés », a déclaré à l’AFP une porte-parole de la DGAC, en précisant qu’il s’agissait de mouvements d’avions au départ ou à l’arrivée du territoire français. Malgré la mise en place d’un service minimum, « des annulations de vols et des retards significatifs sont à prévoir sur l’ensemble du territoire », avait prévenu dès mardi la DGAC, en invitant « les passagers qui le peuvent à reporter leur voyage et à s’informer auprès de leur compagnie aérienne pour connaître l’état de leur vol ».
Cette grève pourrait avoir aussi des répercussions sur l’ensemble du trafic aérien européen. L’administration a dit travailler « avec le gestionnaire du réseau européen (Eurocontrol) afin de proposer aux compagnies aériennes des mesures de contournement de l’espace aérien national ». Le service minimum concernera des aéroports, mais aussi les cinq centres en route de la navigation aérienne (CRNA), qui contrôlent les aéronefs transitant par l’espace aérien français et volant à plus de 6.000 mètres d’altitude.
420 vols annulés par Ryanair
Ryanair, premier transporteur aérien européen par le nombre de mouvements d’avions, a affirmé que cette grève allait la contraindre à « annuler 420 vols (soit 80.000 passagers) survolant principalement la France » vendredi, sans nécessairement s’y poser. Dans un communiqué, la compagnie low cost irlandaise a dénoncé une « grève injustifiée (…) qui ne fait que perturber les projets de voyage de milliers de citoyens européens et de visiteurs pour le week-end ». Elle a appelé l’Union européenne à « prendre des mesures immédiates pour protéger les survols de l’espace aérien français ».
Le Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA, majoritaire), qui a appelé à cette grève, a expliqué avoir lancé ce mouvement pour manifester son inquiétude « au sujet du niveau actuel de l’inflation ainsi que des recrutements à venir ». « Alors que le projet de loi de finances 2023, en cours d’élaboration, arrive devant le Parlement en octobre, l’absence de garanties de la DGAC et des pouvoirs publics est inacceptable », ajoute le syndicat dans un communiqué.
Le départ à la retraite d’un tiers des ingénieurs de l’ICNA
Ces professionnels s’alarment en particulier du départ à la retraite prévu d’un tiers des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne (ICNA) de 2029 à 2035. « Au moins cinq ans séparent le recrutement de la qualification » et les capacités de formation sont « structurellement limitées », souligne le syndicat. Il faut donc, selon lui, anticiper ce « mur des départs » dès l’année prochaine, et budgéter des formations.
Ce préavis de grève a été maintenu après des « discussions de conciliation » en début de semaine, lors desquelles « aucune réponse (n’a été) apportée par la DGAC et les pouvoirs publics » aux revendications, ce qui constitue « une provocation envers la profession », proteste le syndicat.
Un deuxième préavis du 28 au 30 septembre
Outre la journée d’action de vendredi, le SNCTA a annoncé le dépôt « d’un deuxième préavis » qui s’étale « du mercredi 28 septembre au vendredi 30 septembre 2022 inclus ». Mercredi, Air France avait déjà annoncé l’annulation d’environ 400 de ses 800 vols prévus vendredi, conformément aux demandes de la DGAC. Cela représentera 55% des court et moyen-courriers, tandis que les long-courriers seront moins touchés, avec un vol sur dix supprimé. « Des retards et des annulations de dernière minute ne sont pas à exclure », a prévenu Air France dans un communiqué.
La compagnie française, qui « recommande fortement à ses clients de reporter leur voyage », leur a permis d’anticiper ou de reporter leur déplacement « sans frais » et a offert, aux « les clients dont le vol est annulé, un avoir ou un remboursement intégral dans le cas où ils ne voyageraient plus ».