Gérald Darmanin reçoit vendredi place Beauvau une délégation d’élus pour discuter du modèle institutionnel, économique et social de la Corse, premier rendez-vous d’un cycle de huit réunions « sans tabou » consacré à l’avenir de l’île de Beauté. Le ministre de l’Intérieur, qui s’était engagé en mars à discuter de l’autonomie de la Corse, avait mis sur pied en juillet un comité stratégique sur l’avenir de l’île, quatre mois après l’agression mortelle en prison du militant indépendantiste corse Yvan Colonna, condamné à perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac.
Quel modèle économique et social pour la Corse ?
Les discussions porteront à partir de 10 heures sur le « modèle économique et social » de la Corse avant d’aborder, dans l’après-midi, les différents statuts d’autonomie déjà existants en Méditerranée. Gérald Darmanin a d’ores et déjà échangé ce jeudi avec le député de Corse du Sud Laurent Marcangeli, qui participera vendredi à la réunion. « La #Corse doit engager avec l’Etat une réflexion sur son modèle économique et social », a tweeté celui qui a quitté son fauteuil de maire d’Ajaccio après sa victoire aux législatives.
La #Corse doit engager avec l’Etat une réflexion sur son modèle économique et social. J’ai eu la possibilité de m’entretenir aujourd’hui avec @GDarmanin pour lui faire part de mes positions sur les sujets qui seront abordés demain avec les élus de notre territoire. pic.twitter.com/eu3UF6VXHA
— Laurent Marcangeli (@LMarcangeli) September 15, 2022
Dans un communiqué commun, les députés autonomistes Jean-Felix Acquaviva et Michel Castellani, le député européen Europe-Ecologie François Alfonsi et le sénateur autonomiste Paulu-Santu Parigi ont regretté que « deux dossiers de portée économique relatent un fossé important entre les discours et la volonté affichée d’une part, et les actes de portée législative et règlementaire d’autre part ».
Concernant le prix des carburants, ils regrettent que « la remise conjoncturelle de l’Etat de 30 centimes » négociée avec le groupe Total, « créée une grave distorsion de concurrence, contribuant à mettre à genoux des groupes indépendants de petite ou taille moyenne dans les territoires, dont le groupe Ferrandi en Corse, avec le risque encouru de suppression des 150 emplois ».
Concernant « l’application du crédit d’impôt investissement Corse (CIIC), prolongé jusqu’en 2023 », ils regrettent que l’Etat ait « réduit sensiblement la possibilité » de l’obtenir. « Cette nouvelle lecture frappe de plein fouet l’hôtellerie insulaire, essentiellement de dimension familiale », assurent-ils. Ils exposeront ces deux dossiers « de manière prioritaire sur la table demain à Beauvau », attendant « des réponses opérationnelles ».
« Aucun tabou » lors de ces consultations
Cet été, Gérald Darmanin avait fait valoir qu’il n’y aurait « aucun tabou » lors de ces consultations, notamment sur une évolution vers l’autonomie, tout en fixant deux lignes rouges : une Corse qui reste « dans la République » et ne pas créer « deux types de citoyens » sur l’île. Le cycle de concertation doit s’étaler sur une année, à raison d’une réunion toutes les six semaines.
La deuxième réunion sera consacrée à la « spéculation financière, l’urbanisme et le logement » et la troisième, prévue « avant la fin 2022 », à « la langue et la culture corses », avait annoncé Gérald Darmanin. Pour chaque thème, il est prévu de lister les différents statuts en vigueur dans les pays voisins et d’évoquer les éventuelles « évolutions » à apporter au statut de la Corse.