Anwar Ibrahim, le leader de la coalition d’opposition en Malaisie, était au coude-à-coude avec le groupe Perikatan Nasional (Alliance nationale) de l’ex-premier ministre Muhyiddin Yassin, à l’issue des élections législatives de samedi 19 novembre en Malaisie.
Après le décompte des votes dans 202 circonscriptions sur 219, la coalition Pakatan Harapan (Alliance de l’espoir) d’Anwar Ibrahim, qui a fait campagne sur le thème de la lutte contre la corruption, avait 66 sièges contre 67 au groupe Perikatan Nasional de Muhyiddin Yassin, selon la commission électorale. La coalition au pouvoir Barisan Nasional, menée par l’Organisation nationale unifiée malaise (Umno), était en troisième place.
Un sondage de l’institut Merdeka à la veille des élections avait donné la coalition de M. Anwar emportant 82 sièges sur les 222 à pourvoir, 33 % des électeurs lui accordant leur faveur pour le poste de Premier ministre. Seuls 219 sièges ont finalement été mis au vote, deux candidats étant décédés et le scrutin ayant été rendu impossible dans une circonscription en raison du mauvais temps.
Si aucune des formations ne remportait de majorité claire, l’instabilité politique pourrait perdurer en Malaisie. Anwar Ibrahim s’est déclaré « prudemment confiant » sur le fait que sa coalition obtienne la majorité simple au Parlement. « Une victoire aujourd’hui serait certainement gratifiante après plus de deux décennies de lutte pour gagner le cœur et l’esprit du peuple », a-t-il déclaré à l’Agence France Presse avant de voter dans l’Etat de Penang.
L’ancien premier ministre Mahathir Mohamad, qui espérait à 97 ans briguer un retour au pouvoir, a pour sa part été battu dans son fief de l’île de Langkawi et a perdu son siège au Parlement. Ce qui devrait mettre fin à sa carrière politique.
Participation record
Le scrutin a été marqué par une participation record des 21 millions d’électeurs inscrits, désireux de mettre fin à une période d’incertitude politique durant laquelle trois premiers ministres se sont succédé à la tête du pays en autant d’années, alors qu’après le choc de la pandémie de COVID-19, la Malaisie fait face à un ralentissement économique et à une flambée d’inflation. Elle était de 70 % selon les autorités deux heures avant la fermeture des bureaux, à 16 heures (9 heures à Paris).
Après plus de soixante ans aux commandes, le parti historiquement dominant, l’Organisation nationale unifiée malaise (Umno), a été lourdement sanctionné dans les urnes et évincé du pouvoir en 2018, marquant la première alternance de l’histoire du pays. Le premier ministre de l’époque Najib Razak, impliqué dans le détournement de plusieurs milliards de dollars du fonds souverain 1MDB, purge actuellement une peine de douze ans de prison. L’Umno n’est revenu aux affaires qu’avec une faible majorité en 2021.
Et c’est dans l’espoir de renforcer son emprise sur le pouvoir que le premier ministre Ismail Sabri Yaakob a dissous le Parlement et convoqué des élections anticipées, initialement prévues en septembre 2023. Mais le parti historiquement dominant pâtit de son association avec la vaste affaire de corruption 1MDB, un fonds qui devait contribuer au développement du pays. Or l’argent a été détourné vers, entre autres, le compte en banque de Najib Razak.
Le scandale a déclenché des enquêtes aux Etats-Unis, en Suisse et à Singapour, où des institutions financières auraient été utilisées pour blanchir des milliards de dollars.