Incroyable, mais vrai ! Depuis le Brexit, les gouvernements britanniques mettent, chaque année, un talent plus grand pour démontrer que la sortie de l’Union européenne (UE) éloigne un peu plus son peuple de la terre promise de la souveraineté retrouvée et de l’indépendance libre et non faussée.
Si on comprend bien ce qui se passe outre-Manche, c’est le monde à l’envers ! La nation britannique est en train d’être mise sous tutelle, à l’instar de la pauvre Grèce des années 2010, et son peuple est spolié de son droit à choisir son gouvernement comme une malheureuse Italie post-Berlusconi en 2011.
Cela sans l’intervention de la Commission européenne, ni de la Banque centrale européenne (BCE), ni du conseil de la zone euro. Car c’est bien la Banque d’Angleterre (Bank of England, BoE), la banque centrale du Royaume-Uni, qui vient de sortir le carton rouge pour sanctionner le gouvernement britannique en place depuis un peu plus d’un mois.
Un jugement très inquiet
Plutôt que de s’incliner avec respect devant le nouveau cours de la politique budgétaire de la nouvelle première ministre, Liz Truss, l’institution fait savoir que celui-ci est insoutenable et augmente son taux directeur de façon drastique. Mieux, la BoE agit sur pression de la Réserve fédérale, la banque centrale des Etats-Unis, et du Fonds monétaire international (FMI), qui vient de porter un jugement très inquiet sur la politique budgétaire britannique.
Le gouvernement qui vient de la lancer prévoit de porter le déficit public de l’Etat du Royaume-Uni à un niveau rarement atteint et de compenser par des emprunts massifs une baisse historique des impôts. C’est pourquoi le taux de la dette souveraine britannique est en train d’atteindre un niveau comparable à celui de l’Italie, ce qui provoque l’inquiétude et l’intervention des banques centrales britannique et américaine, ainsi que du FMI.
« Take back control », disaient-ils ! Les Britanniques en sont loin. En l’espèce, sortir de l’UE ne leur a servi à rien – d’autant qu’à ce jour aucun des Etats membres de l’Union n’est dans une telle situation. Le gouvernement britannique qui déclenche un tel tir de barrage de sa propre banque centrale est-il pour autant victime d’un déni de démocratie et d’une tutelle technocratique ?
Démonstration par l’absurde
Pas vraiment, car, dans les faits, il vient d’être nommé à la suite d’une révolution de palais – à savoir un vote interne des militants du Parti conservateur, soit moins de 1 % du corps électoral. Ce dernier avait voté pour une majorité parlementaire en 2019 dont le programme ne mentionnait pas des baisses d’impôts massives et un endettement du même ordre.
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