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« La régularisation des sans-papiers n’induit pas d’appel d’air »

« La régularisation des sans-papiers n’induit pas d’appel d’air »



En février 2018, une étude a été publiée par les économistes Joan Monras de la Réserve fédérale de San Francisco, Elias Ferran de l’université de Valence et Javier Vazquez-Grenno de l’université de Barcelone. Les résultats de cette étude ont été actualisés en avril 2023 et portent sur les conséquences de la régularisation de 600 000 migrants extra-européens en Espagne en 2005.

L’une des conclusions majeures de cette étude est que la régularisation massive n’induit pas d’appel d’air en matière d’immigration. En effet, en 2004, près d’un million de sans-papiers étaient estimés en Espagne. La mesure de régularisation a bénéficié à environ 600 000 migrants extra-européens, mais n’a pas entraîné de hausse significative du nombre de ressortissants extra-européens vivant en Espagne. Les chiffres de la population équatorienne installée en Espagne, par exemple, sont restés stables autour de 400 000 personnes en 2004 et en 2008. Même constat pour le nombre de Marocains, en augmentation de 150 000 entre ces deux périodes, sans rupture perceptible après l’adoption de la mesure de régularisation.

Cette absence d’appel d’air s’explique notamment par le fait que la mesure de régularisation visait les personnes déjà présentes en Espagne. Pour en bénéficier, il fallait remplir des conditions strictes comme être présent depuis au moins six mois dans le pays et avoir un contrat pour les six prochains mois. De plus, la régularisation a été accompagnée d’un renforcement des contrôles de l’inspection du travail visant à combattre le travail au noir. Cela a pu rendre plus difficile l’embauche de travailleurs sans papiers et freiner l’arrivée de nouveaux migrants.

La question de savoir si des constats similaires ont été faits dans d’autres pays a été abordée par les économistes. Aux États-Unis, en 1986, l’Immigration Reform and Control Act (IRCA) a permis à environ trois millions d’immigrés de régulariser leur situation. Des recherches ont été menées pour voir si cette régularisation avait provoqué une augmentation de l’immigration, mais les résultats ont montré que cela n’était pas le cas. Certes, les effets de la politique de régularisation dépendent du contexte économique et de la mise en œuvre de la politique, mais les exemples variés en Espagne et aux États-Unis montrent que la régularisation n’engendre pas forcément d’appel d’air.

Il faut néanmoins rester prudent quant aux effets à long terme de la mesure de régularisation en Espagne, car dès 2008, le pays a été touché par la crise économique qui a pu réduire la demande de travail. En définitive, les résultats de cette étude ont montré que la régularisation massive peut être une solution pour intégrer les migrants déjà présents sur le territoire et lutter contre le travail au noir, sans qu’elle entraîne d’appel d’air significatif.

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