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« Demander à un athlète de boycotter un événement pour lequel il se prépare depuis des années, c’est très dur »

« Demander à un athlète de boycotter un événement pour lequel il se prépare depuis des années, c’est très dur »


Kevin Mayer, lors des Jeux olympiques de Tokyo, le 5 août 2021.

A 30 ans, Kevin Mayer visera l’or aux Jeux olympiques de Paris, en 2024. Douze ans après sa première participation olympique, le décathlonien, recordman du monde et champion du monde à Eugene (Etats-Unis) le 24 juillet, s’exprime sur les difficultés de l’athlétisme tricolore, sur le rôle du sportif et sur la place du sport en France.

Vous avez remporté un deuxième titre de champion du monde à Eugene, unique médaille des Bleus. Mais, collectivement, l’athlétisme français peine à sortir du marasme. Qu’en pensez-vous ?

Je n’ai aucune influence sur les résultats des autres. J’adore l’état d’esprit en équipe de France, et quand on dit qu’il y a des problèmes autres que les résultats, moi, je ne les vois pas. J’ai relu des articles de presse parus avant les Mondiaux de Paris 2003 [8 médailles, dont 3 en or], c’était la catastrophe. Pour vibrer dans les bons moments, il en faut aussi de mauvais. Si l’on est toujours au top, pourrait-on vivre des exploits ? Les bons résultats ne seraient que la normalité.

Comme ils le sont dans l’athlétisme américain ?

On n’est pas l’athlétisme américain, mais on n’est pas non plus le système sportif américain. On ne pousse pas les enfants à avoir l’esprit de la gagne. On les pousse, par exemple, à faire du sport pour la santé. Je ne suis pas contre ça, mais espérer des médailles avec cet état d’esprit, c’est compliqué. A quel moment leur apprend-on l’esprit de combativité et l’envie de se dépasser pour aller chercher des médailles ?

La Fédération française d’athlétisme a traversé une crise de gouvernance. Par ailleurs, Renaud Lavillenie affirmait au « Monde » que, selon lui, il était déjà trop tard pour former une excellente génération pour 2024. Partagez-vous ce constat ?

Je suis d’accord, mais il y a des problèmes partout. Il suffit de regarder ce qui se passe en ce moment à la Fédération française de football. Dès qu’il y a des gens avec des ego, il y a des conflits. On prête attention aux problèmes quand il y a de bons résultats. Et quand de mauvais surviennent, ils sont amplifiés. La performance de l’athlète passe par sa préparation et sa capacité à bien s’entourer. Le rôle de la fédération est beaucoup plus secondaire, pour moi, que dans un sport d’équipe.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Mondiaux d’athlétisme : malgré l’or de Kevin Mayer, les Bleus ont encore souffert à Eugene

Pourtant, certains disent que, sans un bon fonctionnement fédéral, les athlètes ne peuvent pas briller.

Si tout le monde est bienveillant envers l’autre, je pense que ça peut créer un état d’esprit qui aide aux performances individuelles. Quand je vois mes potes dans les tribunes alors qu’ils ont la compétition le lendemain, ça me transcende. Et ils sont toujours là. L’ambiance entre athlètes est bonne.

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