Un homme, la cinquantaine, plutôt à la droite du parti : tel est le portrait-robot des 160 000 membres du Parti conservateur britannique qui doivent départager les deux candidats au remplacement de Boris Johnson : l’ex-chancelier de l’échiquier Rishi Sunak et la ministre des affaires étrangères, Liz Truss. Le parti compte aussi une minorité de jeunes militants, qui entendent bien faire entendre leur voix. Quatre d’entre eux – George Holt, un des responsables de l’organisation Young Conservative Network, Thomas Moss, Salvatore Pagdades et Hassan Ali, livrent leur opinion sur les deux candidats. Ils parlent économie, charisme, et à peine du Brexit.
Principal constat, empirique mais corroborant les sondages, qui placent Liz Truss en favorite pour devenir première ministre : trois des jeunes militants penchent pour elle. C’est le cas de Salvatore Pagdades, étudiant de 19 ans, originaire du Hertfordshire (nord de Londres), qui trouve son programme économique « audacieux. On en a besoin pour sortir de la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons ». La ministre propose des baisses massives d’impôts qualifiées de « fantaisistes » par M. Sunak, qui plaide pour s’attaquer en priorité à l’inflation.
Salvatore n’a pas de problèmes avec le parcours politique de sa candidate – Mme Truss a commencé à militer chez les libéraux-démocrates et elle a voté contre le Brexit en 2016. « Beaucoup de jeunes commencent à gauche et votent à droite en vieillissant ! Je suis un peu plus réservé sur son opposition au Brexit en 2016, mais depuis elle a changé. » Il apprécie que Mme Truss ait fait l’objet de moins de controverses que Rishi Sunak, dont la femme d’origine indienne et très fortunée ne payait pas d’impôts au Royaume-Uni jusqu’à récemment. « Je vais quand même attendre le dernier moment pour voter », glisse l’étudiant, au cas où des révélations sur Liz Truss sortent dans les médias.
Elle « passera mieux »
Thomas Moss, un étudiant en droit de 21 ans, milite aussi pour Liz Truss. « Je souhaitais déjà qu’elle devienne première ministre quand elle était secrétaire au Trésor [entre 2017 et 2019], je ne pensais pas qu’elle arriverait si près du but ! » Il est séduit par ses propositions économiques radicales : « Nous avons besoin de gens qui fassent les choses différemment. Rishi Sunak appartient à cette classe de politiques, qui ne veulent pas changer grand-chose. Or, les recettes pour faire redémarrer notre économie n’ont pas fonctionné. Et on oublie qu’il a lui aussi reçu une amende de la police [comme Boris Johnson, dans le cadre du « partygate »] pour avoir violé les règles du confinement. » Il balaye une des autres critiques faites à Mme Truss, son manque de charisme : « Elle n’est pas parfaite mais, quand on regarde sur YouTube les vidéos de Margaret Thatcher au milieu des années 1970, elle avait une voix terrible. »
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