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Au procès de Kunti Kamara, l’importance capitale des témoins venus du Liberia

Au procès de Kunti Kamara, l’importance capitale des témoins venus du Liberia


Combattants du Mouvement uni de libération du Liberia pour la démocratie (Ulimo)dans la capitale du Liberia, Monrovia, le 16 avril 1996, alors en proie à une guerre entre groupes rebelles. (AP Photo/Jean-Marc Bouju, File)

Les témoignages se succèdent à la Cour d’assises de Paris. Vendredi 21 octobre, au 10e jour du procès de Kunti Kamara, ancien chef rebelle libérien accusé notamment d’« actes de torture » et de « complicité de crimes contre l’humanité », c’est un autre « commandant officer » du Mouvement uni de libération du Liberia pour la démocratie (Ulimo) qui s’est présenté à la barre. Actuellement incarcéré en Suisse, Alieu Kosiah est le premier chef rebelle reconnu coupable de crimes commis lors de la première guerre civile au Liberia (1989-1996). En juin 2021, cet homme à la carrure massive et à la voix forte a été condamné par la justice helvétique à vingt ans de prison pour « traitements inhumains », et pour avoir ordonné ou directement participé à la mort de 19 personnes, dont 17 civils.

L’ironie veut que ce sont des déclarations d’Alieu Kosiah aux enquêteurs suisses qui ont permis de retrouver son ami Kunti Kamara, réfugié aux Pays-Bas puis en Belgique et finalement arrêté en 2018 à Bobigny alors qu’il s’apprêtait à partir en autocar vers le Portugal sous une fausse identité. Cette arrestation en Seine-Saint-Denis lui vaut d’être jugé au nom de la « compétence universelle » qui permet de comparaître pour des crimes graves, où qu’ils aient été commis dès lors que le suspect est arrêté sur le territoire français. « C’est bien moi qui l’ai mis dans le pétrin. J’ai dit « demandez à Kunti, il est en Hollande »», a reconnu Alieu Kosiah, 47 ans, dont le procès en appel est prévu début 2023.

Lire aussi : « Il a montré un morceau du cœur et l’a mangé cru » : au procès de Kunti Kamara, les heures sombres du Liberia

Demande d’entraide judiciaire

A l’origine des procès des deux anciens compagnons d’armes de l’Ulimo, une plainte déposée par Civitas Maxima, une ONG suisse dont l’objectif est de lutter contre l’impunité des crimes internationaux. « Fournir des preuves dans ces procès est très difficile, rappelle Alain Werner, directeur de l’organisation. Il n’y a pas de pression politique mais on se heurte à différentes sortes de problèmes, en premier lieu parce que les faits sont anciens. »

Il a fallu trois attaques, au cours du premier semestre 1993, pour que les rebelles de l’Ulimo expulsent de la ville de Foya, au nord-ouest du pays, leurs ennemis du Front national patriotique du Liberia (NPFL), un autre groupe de rebelles dirigé par Charles Taylor. Dans tout le comté du Lofa, ils ont ensuite fait régner la terreur de juillet 1993 à fin 1994. Les faits qui sont reprochés à Kunti Kamara se sont produits « à une époque où il n’y avait pas de téléphone portable et donc pas de bornage permettant d’apporter, par exemple, la preuve que l’accusé était présent sur le lieu d’une exaction, explique Alain Werner. Il n’y a pas non plus de photos satellites de la zone. »

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