Patrice Talon se fait fort d’avoir une « relation décomplexée » avec Emmanuel Macron. Le président béninois en a fait la démonstration mercredi 27 juillet, à l’issue d’un entretien avec son homologue français, de passage à Cotonou. A l’heure où Paris retire ses troupes du Mali, les deux dirigeants venaient de parler en tête-à-tête de l’avenir du soutien sécuritaire que la France apporte au Bénin afin de contenir la poussée de groupes djihadistes de plus en plus actifs dans le nord du pays, frontalier du Burkina Faso.
Face aux journalistes, au siège de la présidence, M. Talon a cependant mis en cause les retards pris dans l’équipement de ses soldats par son partenaire français, en particulier au sujet de drones qu’il compte acquérir. « Malheureusement, nous n’avons jusqu’à présent pas réussi à convaincre les autorités militaires françaises sur certains aspects de coopération militaire, particulièrement la livraison d’équipements, mais je salue le soutien de la France en matière de renseignement et de formation », a expliqué l’ancien homme d’affaires de façon très directe.
Emmanuel Macron a mis ces retards sur le compte de l’absence, au Bénin, d’un équivalent de la Direction générale de l’armement (DGA), capable de gérer les achats d’équipements militaires. Afin de combler au plus vite cette lacune, il a été convenu de dépêcher des experts de la DGA française à Cotonou. Et M. Macron a fait valoir que des livraisons de pick-up, de matériel de déminage et de lunettes de vision nocturne étaient « imminentes », comme pour rassurer son hôte, impatient d’agir.
Triple appui
Ainsi va l’offre sécuritaire de la France en cette période de retrait des forces françaises engagées au Mali, dans le cadre de feu la mission « Barkhane ». Décidé en février, le repli devrait en principe être achevé d’ici à la fin de l’été. Pas plus de 2 500 personnels français devraient rester dans la région, moitié moins que les effectifs de « Barkhane » à son plus haut niveau. Paris redéploie une partie de ses soldats vers le Niger et le Tchad, mais n’entend pas, sauf pour des missions ponctuelles, renforcer ses effectifs ailleurs dans les pays du Golfe de Guinée (dont fait partie le Bénin), lesquels sont de plus en plus inquiets de la poussée vers le sud des filiales locales d’Al-Qaida et de l’Etat islamique.
Au Bénin, Paris promet donc un triple appui dans le domaine du renseignement, de la formation des troupes et des équipements militaires. « Ce sera du cas pas cas, précise-t-on à l’Elysée. Le Togo dispose d’une armée bien équipée, alors que celle du Bénin doit l’être, mais n’a pas vraiment de tradition d’achats d’armements. »
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