Pour 2 petits milliards de dollars ! La Bourse de Paris a dépassé, lundi 14 novembre, la place de Londres par le montant de sa capitalisation. Elle atteint 2 823 milliards de dollars (2 713 milliards d’euros), contre 2 821 milliards pour sa concurrente britannique, selon les calculs de l’agence financière Bloomberg. C’est un signe de plus de l’affaiblissement de la première place du Vieux Continent depuis la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) en 2021, à la suite du référendum de juin 2016.
L’indice Footsie 100 a certes mieux résisté cette année que le CAC 40 (− 1,5 % contre − 8 %), mais le second a réduit l’écart, qui était encore de 1 500 milliards de dollars avant le Brexit. Les transactions sur les actions cotées en euros ont quitté la City pour Amsterdam ou Paris. De grandes sociétés l’ont abandonnée, comme la compagnie aérienne à bas coûts Ryanair, en 2021, au profit d’Euronext Dublin, et le géant minier anglo-australien BHP, poids lourd du Footsie 100, pour Sydney.
Le luxe, locomotive du CAC 40
Les parités monétaires ont aussi joué en défaveur de Londres, où les sociétés sont cotées en livres sterling. Depuis début 2016, la devise britannique s’est dépréciée de 16 % par rapport à la monnaie européenne, favorisant mécaniquement la place de Paris. La bonne tenue de cette dernière doit aussi beaucoup à l’envolée du cours des entreprises du luxe, locomotives du CAC 40 depuis une bonne dizaine d’années : LVMH, valorisé 352 milliards d’euros, est devenu la plus grosse capitalisation européenne ; Hermès, Kering et L’Oréal pèsent aussi très lourd, même si la valeur de ces sociétés s’est érodée depuis janvier.
Larguer les amarres avec l’Europe a détérioré le climat des affaires outre-Manche, alors que les brexiters assuraient que ce départ doperait une activité enfin libérée des entraves de l’UE. « L’économie britannique dans son ensemble a été durablement endommagée par le Brexit », qui a ouvert une « période chaotique », constate Michael Saunders, ancien membre externe du comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre, lundi 14 novembre, sur Bloomberg TV.
Elle va durer. Les hausses d’impôts et les coupes claires dans les dépenses publiques, qui seront annoncées jeudi 17 novembre, doivent rassurer les marchés. Elles vont plonger le pays dans la récession. Tout cela est de mauvais augure pour la City, dont l’âge d’or est bel et bien révolu.