Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, s’était fixé, au moment de la naissance du plan d’épargne-retraite (PER) en 2019, deux objectifs : 3 millions de titulaires et 300 milliards d’euros d’encours pour l’épargne-retraite en 2022, contre 230 milliards d’euros d’encours en 2018. Le premier a d’ores et déjà été atteint, et avec éclat : il y avait 6 millions de PER ouverts en juin 2022. Ce devrait être un peu plus compliqué pour le second. Le dernier chiffre connu est un encours de 280 milliards d’euros en mars. Et il y sera difficile de franchir ce niveau de 300 milliards d’ici à la fin de l’année. Les Bourses sur lesquelles l’argent des PER est largement investi sont en effet mal orientées depuis le début de l’année.
Toutefois, si le PER s’installe dans le paysage de l’épargne en France, son succès reste à confirmer. Les encours sur les PER proviennent pour plus des trois quarts de transferts d’anciens produits retraite. Et le PER reste encore largement méconnu. Un sondage commandé par MMA avant l’été montrait que seulement 40 % des Français disaient connaître ce produit. L’aspect financier représentait le principal frein à la souscription d’un PER : près d’un tiers des répondants déclarait n’avoir pas les moyens d’épargner et craignait des frais élevés.
Pour le moment, ce n’est pas l’irrésistible volonté de se constituer un pécule pour la retraite qui incite à ouvrir un PER. La carotte fiscale qui est proposée à l’entrée est la principale motivation. Il est en effet possible de déduire de ses revenus les sommes versées sur un PER, et donc de payer moins d’impôts. Il serait néanmoins dommage d’utiliser cette nouvelle enveloppe uniquement dans ce but et de ne pas s’intéresser aux caractéristiques du plan.
Des produits de plus en plus sophistiqués
D’abord, il faut être vigilant sur les frais. A quoi bon vouloir absolument réduire ses impôts si c’est pour laisser glisser une partie de son épargne dans les poches du promoteur du PER. Et il ne faut pas être attentif à cette problématique uniquement au moment des versements sur le plan, mais aussi tout au long de la vie du PER. Ensuite, même si le législateur a permis l’encadrement de la gestion du PER en fonction de l’âge prévisible de sa retraite, ce mécanisme n’est pas forcément adapté à toutes les situations.
Surtout, les nouveaux PER mis sur le marché sont de plus en plus sophistiqués, proposant un nombre de plus en plus important d’investissements. Ces derniers permettent d’effectuer une véritable gestion de l’épargne logée dans un PER. Enfin, il n’est pas inutile de penser à la façon dont on récupérera (ou non) ces sommes au moment de sa retraite. Ne serait-ce que, là aussi, parce que certains facturent des frais à cette occasion.