La guerre en Ukraine et la menace exercée par la Russie sur les dirigeants européens ont placé la question énergétique au cœur de l’agenda politique. Dans ce contexte délicat, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est rendue en personne à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, le 18 juillet, pour annoncer en grande pompe un nouvel accord visant à doubler les importations de gaz azerbaïdjanais pour diversifier les sources d’approvisionnement de l’Union européenne. Outre que cette initiative poursuit la course effrénée vers l’exploitation des ressources de notre planète, cet acte place l’Union européenne en situation d’une nouvelle dépendance envers un Etat aux aspirations belliqueuses.
C’est peu dire que cette annonce glace d’effroi quiconque connaît l’utilisation faite par la dictature à la tête de l’Azerbaïdjan des produits de la rente gazière. Elle entretient non seulement la même caste depuis plus de trente ans à la tête d’un régime qui s’adonne à toutes les exactions possibles et imaginables en matière de droits humains, mais participe également à la course frénétique pour les financements en matière d’armements qui exterminent les Arméniens dans le Haut-Karabakh ou dans la République d’Arménie. Elle est, par ailleurs, une réponse du passé, contraire aux engagements de transition écologique et à l’exigence d’une énergie plus verte pour une Union européenne plus souveraine.
C’est pourquoi nous demandons instamment à la Commission européenne de renoncer à ce projet avec l’Azerbaïdjan et aux chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, ainsi qu’au Parlement européen, de ne ratifier sous aucun prétexte un accord qui aurait pour effet de substituer à la dépendance au gaz russe, une dépendance au gaz azerbaïdjanais.
Puissant danger
La guerre des quarante-quatre jours de l’automne 2020 a illustré les desseins épouvantables de l’Azerbaïdjan. A la surpuissance militaire s’est ajouté l’acheminement par la Turquie de djihadistes servant de supplétifs à l’armée azerbaïdjanaise – dénoncé par le président Emmanuel Macron, l’utilisation de bombes au phosphore parfaitement interdites en raison des désastres humains et écologiques qu’elles génèrent, et la torture des prisonniers de guerre maintenus dans les geôles azerbaïdjanaises dans le plus grand mépris des conventions internationales
L’Azerbaïdjan a clairement indiqué ne pas être rassasié par sa victoire militaire. En décembre 2020, alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan faisait référence à Enver Pacha, l’un des architectes du génocide arménien, le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, se félicitait de « chasser les Arméniens comme des chiens » et exprimait ses ambitions sur la région du Syunik (sud de l’Arménie), le lac Sevan (nord de l’Arménie) et même la capitale Erevan. Depuis, pas une journée ne passe sans que l’armée azerbaïdjanaise utilise les armes et ne prenne des positions sur le territoire pourtant internationalement reconnu de la République d’Arménie en prenant pour cible les populations locales.
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