La ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, ne pourra pas s’occuper de sujets liés à trois sociétés, y compris l’entreprise pétrolière Perenco dont son père a été un dirigeant, selon un décret paru mardi 15 novembre au Journal Officiel, une semaine après une enquête du média Disclose qui avait provoqué de vives réactions politiques.
Afin de prévenir tout conflit d’intérêts, le décret indique que la ministre « ne connaît pas des actes de toute nature relatifs au groupe Défense conseil international, au groupe EP2C et au groupe Perenco ». L’enquête de Disclose avait révélé que les enfants de la ministre étaient associés d’une société basée sur des fonds domiciliés dans des paradis fiscaux et transmise par Jean-Michel Runacher ; Perenco avait aussi investi dans certains de ces fonds.
La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a ouvert une enquête le 8 novembre, le nom de cette société n’étant pas mentionnée dans la déclaration d’intérêts de la ministre. La loi l’oblige à déclarer ses participations directes et celles de son conjoint, mais pas celles de ses enfants, ce qu’a confirmé la HATVP. « Il ne s’agit pas de mon patrimoine, mais de celui de mes enfants qui, eux-mêmes, n’ont aucun pouvoir de gestion de la société à ce jour », a répondu Mme Pannier-Runacher à Disclose. « Le guide de la HATVP ne laisse aucune ambiguïté sur le fait que je n’avais pas à déclarer cette structure », a-t-elle insisté auprès de l’Agence France-Presse (AFP).
« Des allégations infondées »
Selon l’ONG Anticor citée par Disclose, la ministre aurait pourtant « dû déclarer la société préventivement, dans la catégorie “observations”, dès sa nomination [au gouvernement, au poste de secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie] en 2018 ». Le média d’investigation cite également la HATVP, pour laquelle « l’absence d’obligation déclarative ne dispense pas le responsable public de veiller à prévenir et faire cesser les situations de conflits d’intérêts qui naîtraient d’autres intérêts indirects détenus, tels que l’activité des enfants ou d’autres membres de la famille ».
L’intéressée avait dénoncé des « allégations fausses et calomnieuses ». « A qui profite le crime ? », a-t-elle lancé mercredi en marge d’un déplacement dans le Pas-de-Calais. « Dès lors que vous avez des allégations qui sont infondées, mensongères et calomnieuses, qui veulent m’amener à ne pas défendre un texte sur les énergies renouvelables qui a été très largement adopté par le Sénat, je m’interroge », a-t-elle ajouté, se disant « sereine » et « déterminée ».
Le texte qu’elle porte sur les énergies renouvelables doit être présenté à l’Assemblée nationale le 5 décembre.