Le conflit entre le gouvernement et les laboratoires de biologie médicale se durcit. A l’issue d’un rendez-vous au siège de l’Assurance-maladie lundi 7 novembre, au cours duquel ils affirment s’être « heurtés à un mur », les représentants des biologistes libéraux ont appelé l’ensemble des acteurs du secteur à « une grève reconductible » à compter du lundi 14 novembre.
Dès lundi, les laboratoires d’analyses sont invités à fermer leurs portes pour au moins trois jours, en signe de protestation. Aucun examen ou prélèvement ne sera réalisé. En cas d’urgence, les patients seront réorientés vers les laboratoires de biologie des établissements cliniques ou des hôpitaux, lesquels resteront ouverts, explique-t-on à l’Alliance de la biologie médicale (ABM), à l’origine de l’appel à la mobilisation. Cette dernière, qui fédère plus de 90 % des acteurs du secteur, estime que la participation devrait être massive. « Elle sera d’au moins 90 % voire 100 % sur notre réseau », confirme Michel Pax, directeur général du groupe Les biologistes indépendants (LBI), qui compte plus de 650 laboratoires d’analyses en France.
La profession est sur le pied de guerre depuis plus d’un mois. Dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) – en cours de discussion au Sénat –, les laboratoires d’analyses ont été sommés par le gouvernement de revoir à la baisse les tarifs de leurs examens courants (hors tests de dépistage du Covid-19).
Forte rentabilité du secteur
Soucieux de réduire la facture des dépenses de santé, l’Etat, qui pointe la forte rentabilité du secteur ces dernières années, prévoit d‘imposer aux laboratoires de biologie au moins 250 millions d’euros d’économies en 2023. Un coup de rabot qui a suscité la colère des biologistes. « Cela mettra non seulement en danger les grands réseaux, mais aussi tous les laboratoires indépendants. Ils ne représentent déjà plus que 35 % des laboratoires en France. Cette mesure va accentuer leur disparition », déplore M. Pax.
En réaction, les laboratoires d’analyses avaient déjà cessé de transmettre les données de tests de dépistage du Covid-19 depuis le 28 octobre, mettant à mal le suivi national de l’épidémie, et suspendu le séquençage des tests, qui permet de suivre l’émergence de nouveaux variants. Les tensions se sont encore accentuées en début de semaine. Selon les biologistes libéraux, le montant des économies demandées se serait alourdi lundi soir lors de la rencontre avec l’Assurance-maladie. Il serait désormais, selon l’ABM, de 280 millions d’euros sur 2023, puis de 332 millions par an de 2024 à 2026. Des montants contestés par l’Assurance-maladie, qui précise regretter « profondément l’appel à la grève » lancé par les biologistes libéraux.