La nouvelle patronne des procureurs de la Couronne à Montréal, spécialisée dans la lutte à la violence sexuelle, compte maintenant mettre à profit son expérience pour améliorer le soutien pour toutes les victimes peu importe le type de crime.
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« L’accompagnement existe et il se bonifie constamment. Chaque victime est unique, elle a ses attentes propres et il n’existe pas qu’une seule approche à avoir », explique Me Rachelle Pitre en entrevue au Journal.
Depuis cinq ans, la procureure était responsable de l’équipe attitrée aux violences sexuelles.
Elle était donc aux premières loges quand le mouvement #MoiAussi a éclaté au Québec, à l’automne 2017, avec de nombreuses dénonciations de personnalités publiques sur les réseaux sociaux.
« Cela m’a permis de comprendre les préoccupations légitimes de la société », dit celle qui a multiplié les interventions publiques pour démystifier le processus judiciaire.
Dans la foulée de ce mouvement, l’ex-magnat de l’humour Gilbert Rozon et l’ex-animateur Éric Salvail avaient été accusés de crimes sexuels pour être finalement acquittés par des juges au terme de leur procès.
Soutien
Sans parler de ces cas particuliers, Me Pitre rappelle « qu’on ne peut jamais garantir à une victime que son agresseur sera condamné ».
Consciente que leur chemin est souvent semé d’embûches, elle rappelle qu’il « n’est pas insurmontable », comme en font foi les dizaines de condamnations chaque jour au palais de justice de Montréal.
« Ça prend de la rigueur, de l’empathie, de l’écoute et du soutien », dit-elle.
Elle rappelle par ailleurs que si la violence sexuelle a occupé une place importante dans l’espace public ces dernières années, il ne faut pas oublier les autres types de criminalité.
D’autres gros dossiers
« II y a celle liée aux armes à feu qui est en augmentation fulgurante, celle liée à la santé mentale ou à la consommation de stupéfiants… », donne-t-elle en exemple.
Disant vouloir améliorer les méthodes de travail et continuer à améliorer la confiance du public dans le système judiciaire, elle se soucie particulièrement des délais.
Surtout que ceux-ci ont un impact important tant sur les victimes, les témoins et les accusés ainsi que leurs proches, ajoute-t-elle.
« Beaucoup d’efforts sont déployés de façon concertée par tous les intervenants pour améliorer les délais », dit-elle en souhaitant poursuivre dans la même lignée, en concluant que la modernisation du système de justice aura un effet bénéfique qui « constitue un virage sans précédent dans les façons de faire ».