Au même titre que la principale intéressée, Sébastien Cros était déçu et surpris de la performance de Kim Boutin en fin de semaine, à l’occasion de la première Coupe du monde de la saison, mais il ne presse aucunement le bouton de panique.
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Qualifiée pour la finale B lors de son premier 1000 m samedi, Boutin a été écartée dès la ronde de quarts de finale, lors du deuxième, le lendemain.
« Je suis déçu et surpris parce qu’elle avait bien fait à l’entraînement lors des deux semaines précédentes et qu’on s’attendait à plus, mais je ne suis pas inquiet, a résumé l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne. C’est le même scénario que l’an dernier lors de la première Coupe du monde au Japon. »
« Dans les deux cas, Kim n’était pas complètement reposée et elle avait moins de jambes quand la vitesse augmentait en fin de course, de poursuivre Cros. Sa phase d’affûtage est plus longue. C’est le deuxième été qu’on s’entraîne ensemble et le même pattern se répète. Cet été, on a travaillé plus en profondeur que l’an dernier pour améliorer certains points et ça comporte des risques. Kim est très explosive et il faudra un peu plus d’affûtage en amont pour qu’elle soit plus fraîche en fin de course quand la vitesse augmente. »
Des leçons pour le futur
Cros estime qu’il y a néanmoins du positif à tirer de cette expérience.
« C’est quasiment un mal pour un bien parce que nous aurons une meilleure lecture. Les informations seront utiles pour la suite. On pousse les athlètes à la limite tout en leur accordant le temps nécessaire pour récupérer. Kim a connu de bonnes courses en début de journée, mais c’était difficile d’enchaîner. La réponse est différente d’un athlète à l’autre. »
L’entraîneur de l’équipe canadienne croit que la patineuse de Sherbrooke pourrait rebondir aussi rapidement que la fin de semaine prochaine, quand Salt Lake City accueillera la deuxième étape de la Coupe du monde de la saison, mais il prévient qu’il n’y a pas de garantie. Pour les prochains jours, le repos sera à l’ordre du jour.
« C’est possible qu’elle affiche une meilleure forme dès Salt Lake City, mais ce n’est pas assuré qu’elle soit à son maximum, a souligné Cros. Ça peut changer très rapidement. Lors de la quatrième Coupe du monde aux Pays-Bas l’an dernier, c’était l’enfer jeudi et vendredi, mais elle a failli battre son record du monde sur 500 m le samedi et elle a devancé Suzanne Schulting le dimanche pour terminer en deuxième place du 1000 m. »
Réaction normale
Cros comprend la réaction de Boutin.
« Elle aurait voulu participer à la fête à Montréal avec de bonnes performances, mais prendre du recul est important. L’enjeu est de ne pas paniquer et de rester confiant. »
Le plan n’a pas changé pour ce deuxième arrêt de la Coupe du monde.
« On conserve le plan initial pour Kim qui est de courir un 500 m. On va faire preuve de souplesse. Si elle remonte et qu’il y a de bonnes opportunités, on va continuer avec le plan de départ sinon on va aviser si elle est trop fatiguée. On va opter pour la meilleure solution dans l’optique qu’elle soit meilleure lors des étapes 3 et 4 de la Coupe du monde. La fraîcheur doit revenir. »
Sébastien Cros salue l’audace de ses patineurs
Au-delà des médailles d’or de Steven Dubois et de Pascal Dion, l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne retient un élément clé.
« Le fait saillant de la fin de semaine est l’attitude de nos patineurs, a déclaré Sébastien Cros. Ils ont été audacieux et n’ont pas eu froid aux yeux. La prise de risque est nécessaire pour gagner une médaille et j’ai aimé l’état d’esprit et l’engagement des athlètes. »
Cros a aimé ce qu’il a vu de la recrue Mathieu Pelletier qui disputait sa première Coupe du monde en carrière à 16 ans et qui a atteint la finale A du 500 m et de Claudia Gagnon qui effectuait un retour au sommet.
« À son retour au plus haut niveau, Claudia n’a pas été impressionnée en dépassant deux des meilleures patineuses au monde lors de la finale du 1500 m, a-t-il indiqué. Mathieu a lui aussi démontré qu’il n’avait pas froid aux yeux même s’il disputait sa première Coupe du monde. »
Stratégie différente
Champion en titre du classement cumulatif de la Coupe du monde sur 1000 m, Dion a misé sur une approche différente que Cros a appréciée.
« L’an dernier, Pascal dépensait beaucoup d’énergie en tête de course dans l’espoir de gagner, mais il manquait de jus à la fin, a-t-il expliqué. En fin de semaine, il visait aussi la victoire, mais il est demeuré dans le trafic et a conclu en force avec un dépassement avec trois tours à faire pour remporter le 1000 m. L’équilibre est assez fin entre les deux. »
Un coffre d’outils bien garni est nécessaire pour gagner des courses.
« En courte piste, tu as besoin de toute la palette, a-t-il imagé. Si tout repose sur l’aspect physique qui est important, tu ne feras pas long feu et tu ne pourras rien faire une journée où tu n’es pas en forme. La technique est importante et la stratégie est très importante. »
Dépassement risqué
À l’instar des coéquipiers de Dion, l’entraîneur de l’équipe canadienne ne lui en voulait pas d’avoir pris un risque important en finale du relais 5000 m. Le relais canadien occupait le troisième rang avec huit tours à franchir quand Dion a dépassé l’Italien par l’extérieur avant de se glisser à l’intérieur pour servir la même médecine au Coréen, mais la glace a cédé sous ses lames.
Le Canada a remporté le bronze en raison de la disqualification de l’Italie.
« Si tu veux gagner des courses, tu dois prendre des risques. Si tu n’essaies rien, tu vas rester en arrière. C’est en répétant ce genre de dépassement que tu vas le maîtriser. Suzanne Schulting et Arianna Fontana ont été disqualifiées et ont chuté souvent avant de le maîtriser. Tu dois tenter des choses. »