Revolut n’a pas réussi à tenir la cadence, il faut changer de modèle

Après sept ans d’activité, la néobanque londonienne Revolut vient d’annoncer qu’elle avait atteint 20 millions de clients. Dans le suivi des comptes, nous pouvons en conclure qu’elle a réussi à ouvrir 10 millions de comptes supplémentaires en deux ans. Ce rythme pourrait sembler important (la première banque en ligne Boursorama Banque revendique 4 millions de clients) mais il écarte de façon importante Revolut de ses objectifs initiaux.

De passage à Paris en 2020, le cofondateur de la néobanque Nikolay Storonsky s’était clairement exprimé sur le fait de viser les 100 millions de clients d’ici 2025. À mi-chemin, si Revolut était parti sur une croissance constante, nous aurions donc au moins dû le trouver dans une fourchette comprise entre 40 et 60 millions de clients, de deux à trois fois plus que les chiffres donnés aujourd’hui. Quant à l’activité des cartes, la néobanque a parlé de 250 millions de transactions par mois, soit 12,5 transactions par client.

Télécharger Revolut

L’arrivée du confinement et l’arrêt des voyages à l’étranger a bouleversé l’essor des néobanques. Pour la sécurité financière, beaucoup de clients ont préféré opter pour les banques en ligne avec leurs solutions d’épargne et de crédit, que ne proposent pas les néobanques. Mais Revolut a rapidement compris qu’il allait devoir imaginer un nouveau modèle pour garantir sa survie, tant l’objectif de 100 millions de clients n’allait plus être envisageable.

Son PDG n’a jamais revu publiquement ses objectifs, mais le changement de stratégie indique clairement une mise à jour des objectifs.

Lire aussi – Payer et faire payer : le prochain défi de la néobanque Revolut

Revolut cherche à devenir une vraie banque

L’arrivée des solutions d’investissement en actions, cryptomonnaies et matières premières s’est présentée comme une bouée de sauvetage pour Revolut, qui a pu profiter de la vague de popularité de ces produits entre 2020 et 2021. Chez son concurrent N26, la stratégie de privilégier le déploiement américain et investir dans ces nouveaux marchés l’a beaucoup fragilisé et les clients n’ont pas pu à accéder à de nouveaux produits dans l’offre depuis longtemps.

Maintenant, Revolut cherche à devenir une vraie banque et reprendre la stratégie des acteurs traditionnels. La raison ? Si la néobanque n’arrive pas à faire gonfler sa rentabilité par un nombre de clients plus important, alors il faut faire gonfler la rentabilité moyenne de chaque client. Et la seule technique bancaire pour cela : lui proposer des produits qui rapportent plus, et qui fidélisent.

En toute logique, Revolut a profité de l’obtention d’une licence bancaire européenne pour se lancer en tant que banque à part entière, proposer des IBAN français (ils étaient lituaniens jusqu’à présent) et préparer ses offres d’épargne et de crédit. En complément, son modèle de compte courant avec une carte internationale gratuite a laissé de la place à trois offres payantes, qu’elle met bien plus en avant aujourd’hui tant la carte gratuite est limitée si vous voulez l’utiliser au quotidien.

Télécharger Revolut

Plus d’encours, plus d’abonnements payants… voilà le nouveau virage de Revolut. Un virage qui marchera surtout en Angleterre où la néobanque est déjà bien installée (4,8 millions de clients) ainsi qu’en Roumanie (2 millions de clients). Moins en France où les chiffres peinent à progresser depuis deux ans (1,5 million de clients).

Il faut dire que chez nous, Boursorama Banque propose l’intégralité des produits bancaires d’une banque traditionnelle avec la gratuité et le modèle 100% en ligne d’une banque mobile. Alors à choisir, surtout pour un compte principal, la plupart se tournent vers l’établissement appartenant à la Société Générale. Pour les plus petits portefeuilles, le compte Nickel de BNP Paribas est lui aussi très populaire, à mi-chemin entre une banque en ligne et une banque physique.