# Recycler les vieux bateaux : un défi technologique
Le long des côtes françaises, des milliers de vieux bateaux hors d’usage sont abandonnés et représentent un danger pour l’environnement. En se décomposant, ces bateaux dégagent des substances toxiques telles que des plastiques, des huiles, des carburants, et des peintures. Face à cette problématique, plusieurs entreprises développent des techniques innovantes pour recycler ces bateaux et les matériaux qui les composent.
## Des cimetières de bateaux éparpillés le long des côtes
En France, il est courant de trouver des bateaux hors service abandonnés sur les côtes. À Gâvres, en Bretagne, des coques retournées sont laissées à l’abandon et se dégradent lentement, dévoilant la mousse qui les recouvre. Ces bateaux ont été laissés là par des propriétaires qui n’en avaient plus l’usage et qui n’ont pas réussi à les vendre ou à les donner.
La pollution visuelle causée par ces bateaux se double d’une pollution environnementale. En se décomposant, les bateaux dégagent des substances toxiques qui représentent un danger pour la biodiversité et les écosystèmes côtiers. De plus, le nombre de bateaux hors d’usage est en constante augmentation, atteignant près de 5 000 selon certaines estimations. Les bateaux ayant une durée de vie de 30 à 40 ans, le nombre de bateaux hors d’usage va donc exploser dans les années à venir.
## Des techniques de recyclage innovantes mais incomplètes
Face à la problématique de la dégradation des bateaux hors d’usage, plusieurs entreprises se sont lancées dans le recyclage des matériaux qui les composent. Le centre de tri Guyot Environnement de Kervignac, en Bretagne, propose de déconstruire les bateaux pour séparer les différents matériaux qui les constituent. Depuis 2019, l’APER a ainsi déconstruit 7 500 bateaux.
La première étape de ce processus est de dépolluer l’embarcation et de récupérer les différents liquides qui pourraient fuir. La seconde étape consiste à récupérer les matériaux qui peuvent être recyclés, comme le bois, l’acier, les boulons, ou les éléments électroniques.
Pourtant, le recyclage des coques en composite, qui représentent une partie importante des bateaux, reste un défi à relever. Pour l’instant, ces coques sont mélangées à d’autres déchets pour être ensuite incinérées et créer de l’énergie. Pour recycler la coque, il faudrait séparer les fibres de verre de la résine polyester qui les agglomère.
Dans la banlieue de Lausanne, une entreprise affine une technique qui permet de séparer ces deux éléments clefs, pour ensuite récupérer la fibre de verre. La technique de Composite Recycling, la pyrolyse, consiste à chauffer le composite à très haute température, mais sans oxygène. La résine ne brûle pas, elle est transformée en vapeur, séparée de la fibre de verre et devient ensuite de l’huile, potentiellement commercialisable. La qualité de la fibre obtenue est encore inférieure à celle de la fibre vierge, mais elle pourrait être hybride, un mélange entre les fibres vierges et des fibres recyclées.
## Concevoir des bateaux éco-conçus
L’industrie nautique travaille désormais sur la conception de bateaux éco-conçus. Beneteau, numéro un mondial des bateaux à voile et numéro deux dans les bateaux à moteur, a remplacé la résine habituelle par une matière plus facile à recycler. Cette matière peut être fondue puis à nouveau durcie, puis refondue, ce qui permet de dissocier la fibre de la résine et donc à terme, d’imaginer un réemploi de ces fibres.
Si les techniques de recyclage sont encore incomplètes, l’industrie nautique s’engage dans la voie de l’éco-conception pour proposer des bateaux plus respectueux de l’environnement.
### Références :
– FranceInfo. (2021). Environnement : des entreprises innovent pour recycler les vieux bateaux. consulté le 05/07/2021.
– Actu-Environnement. (2021). Recyclage des bateaux : Beneteau veut imaginer des boucles d’économie circulaire. consulté le 05/07/2021.
– Le Monde. (2019). En France, les « cimetières » de bateaux sont dans une impasse écologique. consulté le 05/07/2021.
