L’annonce de Vladimir Poutine selon laquelle il a l’intention de déployer des armes nucléaires tactiques sur le territoire du Bélarus semble être une nouvelle tentative d’augmenter les enjeux dans le conflit en Ukraine. Cette annonce fait suite aux avertissements de Poutine selon lesquels Moscou est prêt à utiliser « tous les moyens disponibles » pour repousser les attaques sur le territoire russe, référence à son arsenal nucléaire.
Le président russe a déclaré que le président Alexandre Loukachenko du Bélarus a depuis longtemps exhorté Moscou à installer ses armes nucléaires dans son pays, qui entretient des liens militaires étroits avec la Russie et a été un terrain d’entraînement pour l’invasion de l’Ukraine voisine le 24 février 2022.
Les armes nucléaires tactiques sont destinées à détruire les troupes et les armes ennemies sur le champ de bataille. Ils ont une portée relativement courte et une puissance beaucoup moins élevée que les ogives nucléaires fixées à des missiles stratégiques à longue portée capables de raser des villes entières.
Ces armes n’ont jamais été limitées par des accords de contrôle des armements entre Moscou et Washington, et la Russie n’a pas publié leur nombre ni d’autres spécificités les concernant. Le gouvernement américain estime que la Russie possède environ 2 000 armes nucléaires tactiques, comprenant des bombes pouvant être transportées par avion, des têtes de missile à courte portée et des obus d’artillerie.
Le déploiement d’armes nucléaires tactiques au Bélarus, qui borde l’Ukraine sur 1 084 kilomètres (673 miles), permettrait aux avions et missiles russes d’atteindre plus facilement et rapidement les cibles potentielles là-bas si Moscou décide de les utiliser. Cela étendrait également la capacité de la Russie à cibler plusieurs membres de l’OTAN en Europe orientale et centrale.
Le Bélarus, l’Ukraine et le Kazakhstan ont hérité d’énormes arsenaux nucléaires après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, mais ont accepté de les expédier en Russie au cours des années suivantes. Si Moscou envoie des armes nucléaires au Bélarus, cela marquera leur premier déploiement en dehors des frontières russes depuis le début des années 1990.
Le ministère des Affaires étrangères russe a répondu aux critiques de l’Ouest en soulignant que Washington et ses alliés avaient ignoré les appels répétés de la Russie pour le retrait des armes nucléaires américaines d’Europe. Le ministère a réaffirmé le droit de Moscou à prendre « les mesures supplémentaires nécessaires pour assurer la sécurité de la Russie et de ses alliés ».