Hydro-Québec a payé plus de 250 000 $ pour acheter des formations de la firme du conjoint de sa PDG, Sophie Brochu, depuis sa nomination, et a même fait appel à elle pour en animer à ses employés.
Le 25 octobre dernier, Le Journal révélait qu’une formation de Sophie Brochu offerte à L’effet A a généré des recettes de près de 50 000 $ à la firme de son conjoint, John Gallagher.
Or, en examinant des données d’Hydro-Québec, on constate que 536 000 $ ont été versés à L’effet A depuis mars 2016. De ce montant, 251 000 $ ont été dépensés depuis l’arrivée de Mme Brochu, le 1er avril 2020.
Au total, presque autant d’argent a été dépensé en deux ans et demi sous Sophie Brochu à L’effet A que lors du règne du précédent PDG, Éric Martel, à 34 000 $ près.
La société d’État assure néanmoins que la nomination de Mme Brochu n’y est pour rien parce qu’elle faisait affaire avec L’effet A bien avant son arrivée.
« Sophie Brochu n’est intervenue d’aucune manière susceptible de favoriser L’effet A, ces décisions n’ont jamais relevé d’elle. De plus, Hydro-Québec inscrit des participantes à L’effet A depuis 2016, alors qu’Éric Martel était PDG », a expliqué son chef des médias, Philippe Archambault, qui rappelle que c’est la présidente du conseil d’admistration qui gère ce dossier.
Cela dit, Mme Brochu a elle-même animé des formations. En 2021, sept employés d’Hydro-Québec ont suivi le « Masterclass 30 jours avec Sophie Brochu », offert par L’effet A, pour une facture totale de 4595 $.
Des experts s’interrogent
Alors que l’on martèle chez Hydro que Mme Brochu « ne reçoit aucune rémunération ou compensation pour sa participation à L’effet A », des experts s’interrogent.
« Sans remettre en cause l’intégrité et son attachement pour la cause des femmes, elle se doit d’être prudente en évitant toutes implications directes dans l’entreprise d’une personne qui lui est liée », estime l’expert en éthique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Michel Séguin.
« Il faudrait qu’elle ne participe pas aux formations de L’effet A. Ça devient difficile à justifier sur le plan de la gouvernance », analyse de son côté Saidatou Dicko, professeure de sciences comptables à l’UQAM.
« Quel genre de message ça envoie aux contribuables ? » se demande Nicolas Gagnon, directeur québécois de la Fédération canadienne des contribuables.
Pour Hydro-Québec cependant, pas question d’arrêter d’embaucher la firme du conjoint de la grande patronne de la société d’État, puisque tout est fait dans l’ordre.
« La gouvernance de notre organisation et les règles d’éthique sont solides, ce n’est pas vrai qu’on va priver des femmes de formations pertinentes pour leur développement professionnel, que ce soient celles de L’effet A ou d’autres », a conclu son porte-parole Maxence Huard-Lefebvre.
L’effet A a décliné nos demandes d’entrevue avec John Gallagher.
– Avec la collaboration de Philippe Langlois