Une famille de Pierreville a eu la peur de sa vie lorsqu’un glissement de terrain est survenu juste devant sa résidence dans la nuit de lundi à mardi. Par miracle, personne n’a été grièvement blessé.
« À un moment donné, je me suis dit, mais quel fracas ! J’ai eu l’impression qu’un camion déchargeait de la roche. Ça n’arrêtait pas », raconte Nicole Dupuis.
La maison de la femme de 65 ans ainsi que celles de deux de ses voisins ont été évacuées d’urgence par les autorités. Elle a seulement pu emporter trois sacs d’effets personnels avec elle.
L’affaissement de terrain a emporté une section du rang de l’Île d’environ 300 mètres sur 18 mètres de large, vers 3 h 30 du matin.
Si aucune résidence de la région du Centre-du-Québec n’a été touchée, une camionnette blanche qui circulait à ce moment s’est toutefois retrouvée dans l’éboulement.
Après le glissement de terrain, Mme Dupuis raconte que son fils est sorti pour constater la situation. Il est revenu en panique, en la prenant par les bras.
Sans blessures graves
« Maman, je pense qu’on vit un rêve, lui a-t-il lancé. Il n’y a plus de route devant et il y a un véhicule avec quelqu’un dans le trou. »
« J’entendais le cri du klaxon à répétition », relate Nicole Dupuis, qui pouvait aussi entendre les cris de lamentation du conducteur.
L’homme a finalement pu sortir de lui-même du trou, sans blessures graves, mais en saignant de la tête. Il a été transporté à l’hôpital pour un choc nerveux.
La larme à l’œil, la sexagénaire a décrit avec difficulté les montagnes russes d’émotions qu’elle a ressenties à la suite de l’éboulement, elle qui ne sait pas quand elle pourra retourner chez elle.
« C’est tes affaires, dit-elle les yeux rougis, marquant une pause. Tu as toujours de l’attachement. Mais advienne que pourra. Il n’y a pas de blessés, pas de morts. »
Un secteur problématique
Quelques glissements de terrain sont survenus dans le rang de l’Île à Pierreville, entre 2016 et 2019.
Des gens du secteur ont indiqué au Journal qu’ils craignaient que des éboulements surviennent.
« Tout le monde savait que ça pouvait arriver. Y’a plein de gens du village [de Pierreville] qui évitaient de passer par-là », a souligné Isabelle Provost.
Elle préférait aller porter elle-même son garçon à l’école plutôt que celui-ci prenne l’autobus, car elle trouvait la situation trop dangereuse.
Au printemps dernier et en août, elle avait aussi fait des démarches auprès du centre de service scolaire pour faire changer le circuit d’autobus, sans succès.
« Mon Dieu, je m’en serais voulu [s’il était arrivé quelque chose] », lance aujourd’hui Mme Provost, en constatant que ses craintes étaient fondées.
« Je suis passé par ce chemin-là à 22 h mardi, et là c’est tout détruit. Quand tu prends le temps de penser que ça aurait pu arriver quand je passais, c’est assez épeurant », a relaté de son côté Hans Shooner, un résident de Pierreville.
Analyses en cours
Il n’est pas impossible que d’autres affaissements de terrain se produisent dans le secteur.
Des analyses étaient en cours mardi afin d’avoir un portrait complet de la situation, a indiqué Sylvain Gallant, directeur régional de la sécurité civile pour la Mauricie et le Centre-du-Québec.
Il écartait le fait que d’autres résidences doivent être évacuées en raison des risques.
L’éboulement à Pierreville n’est pas sans rappeler celui survenu à La Baie, au Saguenay, cet été, forçant l’évacuation de nombreuses résidences.