Marie-Ève Croteau a vu mourir son rêve de concourir dans les rues de son quartier ce week-end quand une bactérie s’est attaquée à ses poumons, il y a quelques semaines. Mais l’expérimentée paracycliste a tout de même une excellente raison de se réjouir : elle, elle est toujours bien en vie.
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« Ç’a été grave, j’ai carrément manqué d’air, raconte Croteau, qui a participé à deux Jeux paralympiques. C’est arrivé juste après les Championnats canadiens, à Edmonton. À l’hôpital, on m’a sauvé la vie. »
« Mon larynx a été endommagé, ajoute-t-elle, alors les médecins m’ont dit qu’il était impossible que je prenne part aux compétitions jusqu’à la fin de la saison. »
C’est donc depuis les lignes de côté que la native de Charlesbourg assistera à compter d’aujourd’hui à la Coupe du monde de paracyclisme de l’UCI, à laquelle prendront part 300 athlètes provenant de 35 pays (voir autre texte plus bas).
« Ça se passe vraiment chez moi. J’ai grandi à l’Arpidrome, moi j’habite à deux minutes d’ici. C’est un rêve que je croyais réaliser, mais je vais pousser fort afin que l’épreuve soit de retour l’année prochaine », affirme l’athlète de 43 ans.
Elle vise Paris
Des épreuves, Croteau en a traversé de grandes au fil de sa vie. Happée par un chauffard ivre quand elle était adolescente, elle a ensuite dû combattre la bactérie mangeuse de chair.
Une commotion cérébrale lui a fait rater les Jeux de Londres, puis ses vélos adaptés ont été volés quelques jours avant ceux de Rio.
Mais la paracycliste d’élite, double championne du monde en 2011, 2012 et 2013, refuse que ce nouveau défi sonne le glas de sa carrière.
Elle a déjà repris l’entraînement en gymnase – à un rythme modéré – et attend que son larynx soit pleinement rétabli pour remonter sur ses montures, avec comme objectif les Jeux de Paris, dans deux ans.
Un vélo en cadeau
Pendant cette pause forcée, elle s’implique dans l’organisation de cette Coupe du monde qui se tiendra dans sa cour.
Croteau a aussi une autre rencontre dans les prochains jours avec le pneumologue Pierre-Alexis Lépine, de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.
Mais cette fois, le rendez-vous n’est pas purement médical.
« J’ai dit au médecin : tu m’as vraiment sauvé la vie. Je lui ai acheté un tout petit vélo de contre-la-montre et je vais aller le rencontrer pour aller lui porter. »
Sensations fortes et leçons de vie
Les spectateurs qui assisteront aux épreuves de la Coupe du monde de paracyclisme de l’UCI peuvent s’attendre à vivre des sensations fortes, mais aussi, à voir de grandes leçons de courage, soulignent des athlètes qui y prendront part.
À compter d’aujourd’hui et jusqu’à dimanche, des paracyclistes d’élite se disputeront la victoire dans les rues de Charlesbourg. Plusieurs parcours ont été dessinés, notamment à proximité de l’Arpidrome ou autour des terres des Sœurs de la Charité.
Comme un Championnat
Les 300 cyclistes seront divisés en quatre catégories : tandem, vélo à main, tricycle et vélo régulier, avec ou sans adaptation.
Des contre-la-montre, des relais et des courses sur route sont au programme.
« Avec le nombre d’athlètes présents, c’est l’équivalent d’un Championnat du monde », pointe Louis Barbeau, directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes.
« La descente sur Bourg-Royal, ça va rouler ! renchérit la paracycliste Marie-Ève Croteau, qui elle est spécialiste du tricycle. Selon moi, les tandems vont aller chercher du 90, 100 km/h. C’est impressionnant ! »
Un parcours aimé
Originaire de Victoriaville, Charles Moreau participera aux épreuves de vélo à main.
Il aime le parcours de Charlesbourg, qui vient chercher ses forces.
L’asphalte de certaines portions du parcours a d’ailleurs été refait après le passage du maire Bruno Marchand.
Médaillé de bronze sur route aux Jeux paralympiques de Rio, Moreau se réjouit évidemment de disputer une course non loin de chez lui.
Plusieurs de ses proches sont attendus sur place, tout comme le maire de Victoriaville, Antoine Tardif.
« Venez voir ça ! »
Mais l’athlète de 40 ans désire aussi lancer un message à la population de Québec.
« Venez voir ça, dit-il. Les gens ne soupçonnent pas ce dont on est capable. Ça ouvre les yeux, ce genre d’événement. Des fois, on traverse des épreuves dans notre quotidien. Ça permet à certaines personnes de se motiver à passer à travers les leurs. »
« C’est une leçon de vie, ajoute Marie-Ève Croteau. Voir une personne qui n’a pas de jambes grimper une côte à 40 km/h, c’est du costaud. Ça dit aux gens de sortir de chez eux et de bouger, peu importe leurs handicaps ou leurs difficultés. »