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L’Union africaine condamne le putsch au Burkina Faso, accalmie à Ouagadougou

L'Union africaine condamne le putsch au Burkina Faso, accalmie à Ouagadougou


Le calme semblait revenu, samedi, dans les rues de Ouagadougou, au lendemain d’un coup d’État qui a déposé le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même arrivé au pouvoir en janvier par un putsch. Un nouveau coup de force dans ce pays pauvre du Sahel condamné par l’Union africaine qui appelle à « un strict respect des échéances électorales ». 

Au lendemain du putsch militaire qui a chassé du pouvoir le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a condamné, samedi 1er octobre, « le changement anti-constitutionnel de gouvernement » au Burkina Faso .

« Le président appelle les militaires à s’abstenir immédiatement et totalement de tout acte de violence ou de menaces aux populations civiles, aux libertés publiques, aux droits de l’Homme », affirme l’UA dans un bref communiqué.

Le président de la Commission de l’UA appelle enfin à « un strict respect des échéances électorales pour un retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024 ».

Après une journée émaillée de tirs dans la capitale Ouagadougou, un groupe de militaires est apparu à la télévision burkinabè pour annoncer la destitution du colonel Damiba, remplacé à la tête de la junte par un capitaine de 34 ans, Ibrahim Traoré.

La nouvelle junte a suspendu la Constitution et dissous le gouvernement et l’Assemblée, sans se prononcer sur le calendrier de la transition qui avait fait l’objet d’un accord avec la Cédéao et prévoyait un retour au pouvoir des civils en juillet 2024. 

Retour au calme dans la capitale

À Ouagadougou, la circulation reprenait samedi matin sur les principaux axes de la capitale, bloqués vendredi par des militaires, après une nuit calme, ont constaté des journalistes de l’AFP. 

Un important dispositif sécuritaire entourait toutefois toujours la télévision nationale avec plusieurs pickups et blindés et de nombreux militaires à pied ou à moto.

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Les commerces et les stations services rouvraient également petit à petit, tout comme certaines boutiques du grand marché de Ouagadougou. 

Et dans les rues, plusieurs habitants accueillaient de manière plutôt positive ce nouveau putsch. 

« Damiba a échoué. Depuis son arrivée au pouvoir, des zones qui étaient en paix ont été assiégées. Il a pris le pouvoir, puis il nous a trahi », estimait Habibata Rouamba, commerçante et militante de la société civile. 

« Sur le plan sécuritaire rien ne va, il n’y a pas de résultats. Depuis que Damiba a pris le pouvoir ça ne fait qu’empirer », abonde Honoré Yonli, un responsable d’une organisation de jeunes entrepreneurs.

« Dégradation continue de la situation sécuritaire »

Vendredi soir, après une journée émaillée de tirs dans le quartier de la présidence à Ouagadougou, une quinzaine de soldats en treillis et pour certains encagoulés ont pris la parole, peu avant 20 h 00 (GMT et locale) sur le plateau de la radiotélévision nationale.

Ils ont démis de ses fonctions le colonel Damiba – dont le sort restait inconnu samedi matin – et annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes ainsi que la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée législative de transition. Un couvre-feu a également été mis en place de 21 h 00 à 5 h. 

Les militaires invoquent « la dégradation continue de la situation sécuritaire » dans le pays.

Le nouveau chef de la junte, le capitaine Traoré, était jusqu’à présent le chef de corps du Régiment d’artillerie de Kaya, dans le nord du pays, particulièrement touché par les attaques jihadistes

« Ce sont les mêmes jeunes officiers qui étaient déjà aux manœuvres lors du premier coup d’État en janvier. C’est un coup de force intra-muros. Damiba a été lâché par sa base qui s’est sentie trahie. Les choses devront être recentrées sur la lutte anti-jihadiste », décrypte l’analyste politique Drissa Traoré. 

Cinq coups d’État en Afrique de l’Ouest depuis 2020

Pour l’heure, les nouveaux putchistes n’ont pas indiqué s’ils comptaient respecter le calendrier de transition sur lequel le Burkina et la Cédéao s’étaient accordés. Un retour au pouvoir des civils était prévu pour juillet 2024. 

Le coup de force « met en danger les efforts engagés depuis plusieurs mois, notamment de la part de la Cédéao, afin d’encadrer la Transition », a déploré, samedi dans un communiqué, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Vendredi soir, la Cédéao, dont le Burkina est suspendu depuis le putsch de janvier, a « condamné avec la plus grande fermeté la prise de pouvoir par la force qui vient de s’opérer ». 

La présence de drapeaux russes dans une manifestation de plusieurs centaines de personnes, vendredi après-midi, pour demander le départ de Paul-Henri Sandaogo Damiba, soulevait aussi des questions sur l’influence de Moscou dans ce nouveau putsch.

« Il est évident que les partisans russes sont de plus en nombreux. Au sein de l’armée et des populations, des voix s’élèvent pour demander un partenariat avec la Russie. Mais cela reste au stade de la théorie. Il ne faut pas s’attendre à une rupture avec la France mais peut-être une coopération plus accrue avec d’autres partenaires comme la Russie », tempère l’analyste Drissa Traoré. 

Le colonel Damiba était arrivé au pouvoir en janvier par un coup d’État qui avait renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, discrédité par la hausse des violences. 

Mais ces derniers mois, des attaques frappant des dizaines de civils et de soldats se sont multipliées dans le nord et l’est, où des villes sont désormais soumises à un blocus des jihadistes, qui font sauter des ponts à la dynamite et attaquent les convois de ravitaillement qui circulent dans la zone.

>> À voir : En Afrique de l’Ouest, « une volonté manifeste des jihadistes de consolider leur présence »

Depuis 2015, les attaques récurrentes de mouvements armés affiliés aux jihadistes d’Al-Qaïda et du groupe État islamique, principalement dans le nord et l’est du pays, ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes.

Avec les deux putschs au Mali en août 2020 et mai 2021 et celui en Guinée en septembre 2021, c’est le cinquième coup d’État en Afrique de l’Ouest depuis 2020.

Avec AFP

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