Quelques heures après qu’une explosion majeure ait endommagé le pont stratégique reliant la Russie à la Crimée, un barrage de roquettes a percuté un quartier résidentiel de Zaporizhzhia et tué au moins 17 personnes. D’autres sont sans doute encore piégées dans les décombres.
Il s’agit d’un crime de guerre. Aucune cible militaire ne se trouve à proximité. Le président Zelensky a qualifié – avec raison – la frappe russe de « méchanceté absolue, d’absolument diabolique » ajoutant : « Il y a en déjà eu des milliers et malheureusement, il pourrait y en avoir des milliers d’autres.»
Les Russes poursuivent le ciblage incessant de la ville de 800 000 habitants située à 50 km de la centrale nucléaire. Fin septembre, une frappe russe sur un convoi de véhicules fuyant la région de Zaporizhzhia, avait tué au moins 30 personnes, surtout des vieillards, des femmes et des enfants et en avait blessé 88 autres.
L’Ukraine accuse la Russie de se venger contre des civils alors que ses forces armées subissent des revers catastrophiques sur les champs de bataille.
Poutine accuse les Ukrainiens
Poutine accuse les services secrets ukrainiens d’être à l’origine de l’explosion affirmant qu’il s’agit d’un « acte terroriste » contre une infrastructure-clé. C’est un affront personnel pour lui. Il a ordonné la construction du pont pour assurer un lien direct entre la Crimée et la Russie et il a présidé à son ouverture en 2018.
En avril dernier, le Kremlin n’avait pas accusé l’Ukraine de l’attaque contre le croiseur lance-missile Moskva, le navire amiral de la flotte russe de la mer Noire, affirmant que c’est une explosion accidentelle à la suite d’un incendie fortuit qui l’avait coulé.
L’Ukraine n’a pas officiellement revendiqué la responsabilité de l’explosion, mais le New York Times a rapporté qu’un haut responsable ukrainien a déclaré que les services de renseignement ukrainiens avaient participé à l’opération.
Peu de temps après l’explosion du pont, des blogueurs et des analystes militaires russes extrémistes exigeaient une réplique rapide et brutale de Moscou.
Un correspondant de guerre du tabloïd Komsomolskaïa Pravda a appelé la Russie à « renvoyer l’Ukraine dans le XVIIIe siècle, sans réflexion inutile sur la manière dont cela affectera la population civile».
L’explosion ne perturbera pas de manière permanente les communications routières critiques de la Russie vers la Crimée, mais elle compliquera la logistique russe jusqu’à ce le pont soit réparé. Des contrôles de sécurité supplémentaires sur les véhicules le traversant retarderont le mouvement d’équipement, et de personnel militaires vers la Crimée.
Un général corrompu et brutal
L’explosion du pont est un revers important pour Moscou à la fois symbolique et militaire. Et de mauvais augure pour les efforts déjà troublés de Moscou pour conserver la région de Kherson du sud de l’Ukraine et la Crimée elle-même.
Poutine a nommé encore un autre nouveau général pour commander ses forces en Ukraine. Le général Sergueï Sourovikine a fait deux séjours en prison. Le premier pour avoir vendu des armes et l’autre pour avoir dirigé une brutale répression contre des manifestants pro-démocratie lors la tentative de coup d’État raté de 1991à Moscou qui a tué trois d’entre eux.
