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« Les tourments du monde alimentent un brouillard stratégique dont les Etats-Unis ont bien du mal à s’extraire »

« Les tourments du monde alimentent un brouillard stratégique dont les Etats-Unis ont bien du mal à s’extraire »



Le front uni occidental face à la guerre en Ukraine ne doit tromper personne. Les tourments du monde alimentent un brouillard stratégique qui laisse les États-Unis bien perplexes. Les fragmentations qui font ressurgir l’hypothèse de sphères d’influence et les multilatéralismes qui relativisent le poids des alliances rendent la nouvelle grammaire des relations internationales insaisissable. Certes, Washington n’est pas le seul à chercher son chemin, loin de là, mais sa prétention à maintenir l’ordre international dont il resterait le centre souligne un embarras qui devrait se manifester cette semaine dans la capitale fédérale.

Fidèle à sa promesse de campagne présidentielle, Joe Biden entend en effet rassembler à nouveau les démocraties lors d’un sommet virtuel les 29 et 30 mars. La première édition avait déjà été poussive, la seconde ne s’annonce pas moins laborieuse. L’intention initiale était pourtant louable, et le président des États-Unis visait juste en invitant ses pairs à se montrer soucieux de résultats pour contrer l’argument principal des régimes autoritaires : leur efficacité revendiquée.

Au cours des derniers mois, les démocraties ont montré qu’elles pouvaient être plus agiles que les piliers du révisionnisme international, la Chine et la Russie. Après s’être déjà résignée à abandonner une stratégie de lutte contre la pandémie de Covid-19 qui avait été érigée en preuve de son excellence, la Chine affiche désormais des perspectives de croissance que l’on aurait considérées comme décevantes il n’y a pas si longtemps. Quant à la Russie, sa désastreuse campagne en Ukraine la menace d’un déclassement historique.

Il n’en reste pas moins que l’intuition de ce président démocrate octogénaire, qui fut un contemporain de la guerre froide, ne parvient pas à faire système. À quoi bon fustiger les régimes autoritaires un jour, puis tenter de courtiser l’un d’eux le lendemain, comme cela a été le cas avec l’Arabie saoudite ? Pourquoi ne pas inviter fin mars à Washington la Hongrie du fait de sa pente illibérale, après s’être rendu le mois précédent en Pologne pour rendre un vibrant hommage à un pays qui n’a rien à envier au précédent en matière de mépris de l’Etat de droit ? Comment enfin stigmatiser l’invasion russe de l’Ukraine qui piétine la charte des Nations unies sans profiter du 20e anniversaire de celle de l’Irak par les États-Unis pour présenter au monde des excuses dues de longue date, au nom d’une cohérence minimale ?

Le brouillard stratégique n’est pas moins épais dans les rangs républicains. En apparence, le revirement du Grand Old Party semble total en matière de politique étrangère. En répudiant définitivement le néoconservatisme en vigueur au début du siècle, Donald Trump l’a mis sur les rails d’un national-conservatisme remarquablement décrit dans une note de l’Institut français des relations internationales par l’historienne Maya Kandel. Cette dernière en suit avec minutie la gestation depuis que des intellectuels s’efforcent de conceptualiser les intuitions de l’ancien homme d’affaires.

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