Où habitent désormais Les Républicains (LR) ? Moins nombreux à l’Assemblée nationale depuis les dernières législatives, les soixante-deux députés de droite y forment paradoxalement un groupe en position de faire basculer les votes, jusqu’à être qualifiés par certains de « faiseurs de rois ».
Ils se sont toutefois retrouvés plus d’une fois pris au piège par leur propre stratégie fluctuante vis-à-vis de la majorité relative d’Ensemble ! – votant un coup avec elle, puis contre elle. Le Rassemblement national (RN) a ainsi réussi à les mettre dans l’embarras, lundi 24 octobre, en apportant son soutien à la motion de censure déposée par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Seuls opposants à ne pas y joindre leurs voix, les députés LR sont de fait apparus comme des alliés de la majorité.
A l’approche du congrès de décembre qui vise à désigner le prochain chef de file du parti, Gilles Richard, historien et auteur de l’ouvrage Histoire des droites en France de 1815 à nos jours (Perrin, 2017), revient pour Le Monde sur l’enjeu urgent, selon lui, pour LR d’opérer une clarification idéologique dans ses rangs, sans quoi le parti pourrait éclater entre le camp d’Emmanuel Macron et « la droite nationaliste identitaire ».
Que pensez-vous de la stratégie « d’opposition constructive » établie par les soixante-deux députés LR à l’Assemblée nationale ? Sont-ils véritablement en position de force ?
Sous cette nouvelle législature, les députés de droite peuvent avoir un rôle « pivot » dans l’Hémicycle, en faisant basculer les équilibres de vote entre opposition et majorité relative présidentielle, sur certains textes. Mais, en réalité, ils y sont plutôt en double position de faiblesse et cela ne devrait pas s’arranger dans les mois à venir.
D’abord, la coexistence et l’expression de différentes lignes politiques vont poser de plus en plus de problèmes de cohérence de vote, à mesure que les prochains textes du gouvernement vont arriver à l’Assemblée. A l’image des justifications difficiles déjà éprouvées depuis cet été sur certains votes, ces prochains dilemmes de positionnement vont potentiellement placer les députés LR davantage dans l’embarras vis-à-vis de leur électorat.
Ensuite, malgré leur position de groupe « pivot » dans la nouvelle composition de l’Assemblée nationale, il faut rappeler que leur groupe a fondu à soixante-deux députés et qu’ils ne sont pas certains de conserver ces mêmes sièges en cas de dissolution ; d’où leur position de fragilité.
Le début de cette nouvelle législature a montré des divergences de vues et de pratiques entre les parlementaires de droite de l’Assemblée nationale et du Sénat. Comment l’expliquer ?
Il vous reste 61.02% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.