Les États-Unis exhortent l’Ukraine à être ouverte à des négociations de paix avec la Russie, mais Kyïv n’a aucun intérêt à ouvrir la porte aux discussions avec Moscou, estime un spécialiste.
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« Depuis des mois, l’Ukraine remporte les victoires et reprend du territoire, alors quel intérêt aurait-elle à négocier ? Et pour négocier quoi ? La cession permanente du Donbas et de la Crimée ? Que la Russie puisse se réarmer et réattaquer le pays ? Ça n’arrivera pas », soutient Dominique Arel, spécialiste de l’Ukraine rattaché à l’Université d’Ottawa.
Pas d’ouverture
Si les États-Unis appellent l’Ukraine à être ouverte à des négociations de paix avec la Russie, c’est sur le terrain que tout va se décider, affirme celui qui est titulaire de la Chaire en études ukrainiennes.
« L’Ukraine a le vent dans les voiles après la reprise des territoires à l’est comme Kharkiv, et aussi maintenant Kherson. La Russie perd la guerre militairement, donc au point de vue diplomatique il n’y a pas d’ouverture », ajoute-t-il.
Le président ukrainien est ferme sur ses conditions : il veut le retrait des troupes russes de tout le territoire et les réparations des crimes perpétrés.
Pour François Audet, professeur à l’Université du Québec à Montréal et directeur de l’Institut d’études internationales de Montréal, il n’est pas étonnant de voir les États-Unis faire pression sur Kyïv pour entreprendre des pourparlers de cessez-le-feu.
« Le conflit qui stagne campe les positions russes et ukrainiennes et laisse la population très vulnérable à ce moment de l’année », explique-t-il.
Car l’Ukraine fait effectivement face à des défis importants, alors que près de la moitié de ses infrastructures énergétiques ont été mises hors d’usage à cause des bombardements russes intenses des dernières semaines.
« Cette stratégie délibérée de viser des infrastructures électriques à cette époque a justement comme objectif d’affecter la population civile. Le froid, mais aussi la capacité à cuisiner, notamment affecteront les civils », déplore François Audet.
Pas de pression
De son côté, la Maison-Blanche a réitéré vendredi que seul le président ukrainien Volodymyr Zelensky était en mesure d’approuver l’ouverture de négociations, rejetant toute notion de pressions américaines sur Kyïv.
« Nous avons également dit qu’il revenait au président Zelensky de dire si et quand il serait prêt à des négociations et la forme que prendraient ces négociations », a déclaré à la presse le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby.
– Avec l’AFP