Unanimes, les députés français ne le sont pas souvent. Pourtant, ils ont voté d’une seule voix, lundi 28 novembre, en faveur d’une résolution en « soutien au peuple iranien », condamnant notamment la restriction des libertés et des droits des femmes. Le texte a recueilli les voix des 149 députés votants (sur 577), sous les applaudissements de l’ensemble des élus présents dans l’hémicycle.
En début de séance, le député Renaissance Hadrien Ghomi, lui-même descendant d’Iraniens, avait appelé l’Assemblée nationale à « envoyer un message fort » au peuple iranien, par le vote de ce texte présenté par la majorité lors de sa semaine d’initiative parlementaire.
La ministre des affaires étrangères, Catherine Colonna, a rappelé à la tribune le slogan scandé lors des manifestations en Iran, « Femmes, vie, liberté » et rappelé le chiffre macabre des « plus de 400 vies fauchées » depuis le début du mouvement de protestation, né à la mi-septembre, à la suite de la mort de la jeune Mahsa Amini.
De nouvelles sanctions européennes en préparation
La situation « commande d’agir, avec responsabilité », a-t-elle affirmé, faisant savoir qu’après déjà deux paquets de sanctions pris au niveau européen, « de nouvelles sanctions sont en préparation pour le prochain conseil des ministres des affaires étrangères le 12 décembre ».
La résolution adoptée par les députés français « condamne avec la plus grande fermeté la répression brutale et généralisée » à l’égard « des manifestants non violents », « dénonce l’usage de la torture » et « affirme son soutien au peuple iranien dans son aspiration à la démocratie et au respect de ses droits et libertés fondamentales ».
En outre, le texte « demande la libération immédiate des ressortissants français détenus arbitrairement », au nombre de sept, comme l’a fait savoir la ministre à la mi-novembre.
Tous les groupes politiques se sont félicités que cette résolution, « certes symbolique », « envoie un message de solidarité » pour « un peuple [qui] agit pour une alternative démocratique », selon les mots du chef de file des élus communistes, André Chassaigne.
Meyer Habib, élu Les Républicains, a cependant déploré un texte « incolore et bien pâle », qui « manque de courage » en faisant « l’impasse sur le nucléaire iranien, le terrorisme d’Etat, le totalitarisme ». Il avait préparé sa propre résolution qui devait être débattue jeudi mais ne le sera finalement pas. Angélique Ranc, députée des rangs du Rassemblement national a, elle, regretté que « la France sollicite encore et toujours l’aide de l’Union européenne ».
L’Iran est le théâtre d’un large mouvement de contestation déclenché le 16 septembre par la mort de Mahsa Amini, une jeune kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des mœurs pour avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique.