Le gouvernement britannique veut empêcher les migrants qui ont traversé la Manche d’effectuer une demande d’asile au Royaume-Uni, a déclaré la ministre de l’intérieur, Suella Braverman, mardi 4 octobre. Une annonce immédiatement dénoncée par les associations de réfugiés comme une violation des conventions internationales.
« Si vous entrez illégalement au Royaume-Uni en provenance d’un pays sûr, vous devez rapidement être renvoyé dans votre pays d’origine ou relocalisé au Rwanda, où votre demande d’asile sera considérée », a déclaré la ministre ultra-conservatrice, ovationnée lors du congrès du Parti conservateur, à Birmingham (centre de l’Angleterre).
Londres a fait de la question de l’immigration une priorité depuis le Brexit et dit vouloir réduire le nombre de migrants que le pays prend en charge. Suella Braverman a affirmé qu’il y avait « trop de demandeurs d’asile qui abusent du système » et qui ne servent pas « les besoins de l’économie ».
Plus de 33 500 personnes ont effectué depuis le début de l’année la dangereuse traversée de la Manche, l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde. Ce chiffre ne cesse d’augmenter depuis 2018 malgré les promesses des gouvernements conservateurs successifs.
Un projet « barbare, mensonger et inutile »
Les annonces de Mme Braverman ont été dénoncées à l’unisson par les organisations de défense des droits des migrants, qui estiment qu’elles relèvent de la distraction, au moment où les Britanniques, majoritairement favorables à l’accueil des migrants selon les sondages, s’inquiètent d’abord de la crise du coût de la vie.
Selon les chiffres du ministère de l’intérieur britannique, 94 % des quelque 50 000 migrants arrivés au Royaume-Uni après avoir traversé la Manche sur des embarcations de fortune entre janvier 2018 et juin 2022 ont demandé l’asile ; et 86 % de ceux qui ont, depuis, vu leur demande considérée ont obtenu l’asile.
La fondatrice de Care4Calais, Clare Mosley, a critiqué un projet « barbare, mensonger et inutile » et a dénoncé la « fausse » rhétorique du gouvernement sur le sujet. Le Refugee Council a affirmé que ces annonces allaient à l’encontre de la convention des Nations unies sur les réfugiés, qui dispose qu’un migrant ne peut pas être pénalisé dans sa demande d’asile en raison de la façon dont il est entré dans le pays où il fait sa demande.
Dans le cadre de sa lutte contre l’immigration, le gouvernement avait annoncé au printemps qu’il déporterait au Rwanda certains demandeurs d’asile. Cette politique a pour l’instant été bloquée par la Cour européenne des droits de l’homme, ce qu’a regretté Suella Braverman, appelant le Royaume-Uni à « reprendre le contrôle » face à « un tribunal étranger qui met en danger notre souveraineté ».
La ministre a aussi dénoncé ce qu’elle a qualifié d’« abus » de migrants se faisant passer pour des victimes « d’esclavage moderne » – des propos là aussi qualifiés de mensongers par les ONG.
Par ailleurs, dans un autre volet de son portefeuille ministériel, elle s’en est prise aux manifestants écologistes des groupes Just Stop Oil et Extinction Rebellion qui bloquent régulièrement la circulation pour protester contre la politique climatique du gouvernement :
« La police doit avoir tous les pouvoirs nécessaires pour stopper ces manifestants qui utilisent des techniques de guérilla et déclenchent le chaos. »