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Le prix Nobel de médecine attribué à Svante Pääbo, décrypteur du génome de Neandertal

Le prix Nobel de médecine attribué à Svante Pääbo, décrypteur du génome de Neandertal


Thomas Perlmann annonce que le lauréat du prix Nobel de médecine 2022 est le généticien évolutionniste suédois Svante Pääbo, lors d’une conférence de presse à l’institut Karolinska de Stockholm (Suède), le 3 octobre 2022.

Svante Pääbo a finalement obtenu la récompense que beaucoup lui prédisaient depuis vingt ans. Le paléogénéticien suédois, 67 ans, s’est vu attribuer, lundi 3 octobre, le prix Nobel de physiologie et de médecine « pour ses découvertes concernant les génomes d’homininés éteints et l’évolution humaine ».

C’est à lui que l’on doit en effet la description fine de l’ADN de notre cousin néandertalien, en 2010, révélant au passage que nos ancêtres s’étaient métissés et qu’il subsistait du Neandertal dans la majorité de l’humanité actuelle. Il est à l’origine la même année de la description d’une autre lignée humaine, elle aussi disparue : les Dénisoviens, nommés ainsi parce qu’une phalange minuscule trouvée dans la grotte sibérienne de Denisova a alors livré un génome inédit.

Ces coups d’éclat ont ouvert une révolution moins visible dans l’étude de l’évolution humaine : la multiplication des génomes anciens irrigue la génétique des populations, et la comparaison des génomes aide à mieux définir la spécificité d’Homo sapiens, y compris sur le plan médical et physiologique.

Une molécule fétiche

Svante Pääbo, qui a fondé il y a vingt-cinq ans l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste de Leipzig, a forgé les outils moléculaires et les méthodes, tirant parti des dernières avancées en génomique, pour faire parler l’ADN ancien. Avant lui, la paléogénomique relevait de la science-fiction. « Il a inventé la discipline », relève Ludovic Orlando (CNRS, université de Toulouse), l’un de ses spécialistes français du domaine.

Pour le paléontologue Jean-Jacques Hublin, qui l’avait rejoint à Leipzig en 2004, peut-être faut-il voir dans l’obsession de son collègue pour les origines « la sublimation d’un questionnement plus personnel » sur son propre passé, « compliqué » : Svante Pääbo est en effet le fils illégitime de Sune Bergström (1916-2004), prix Nobel de médecine (1982), qui menait une double vie. Hospitalisé pour une embolie pulmonaire, raconte-t-il dans Neandertal, à la recherche des génomes perdus (Les Liens qui libèrent, 2015), il a été sauvé par de l’héparine, une molécule purifiée par son père en 1943.

Mais sa vocation scientifique, il la doit peut-être autant à sa mère, chimiste estonienne, qui l’emmène pour un séjour en Egypte à l’âge de 13 ans : le monde antique le fascine, et il aura ensuite à cœur de voir si les momies ne peuvent pas offrir de l’ADN ancien. Car les études de médecine entamée en Suède et la virologie ne seront qu’un détour avant de revenir à sa molécule fétiche, support de l’hérédité et mémoire de notre passé évolutif.

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