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le défi considérable de la filière nucléaire française

EDF assure qu'il est encore en mesure de respecter le calendrier de redémarrage des réacteurs



EDF pourrait etre contraint d abaisser sa production nucleaire et meme arreter un reacteur de la centrale du Tricastin en raison des temperatures elevees des fleuves 1460209

Délaissée ces dernières années, la filière nucléaire, qui devra recruter au moins 80.000 personnes d’ici 2030, se mobilise pour redorer son image et attirer les étudiants au sein de ses nombreuses formations.

Fini de tergiverser. Après des années d’atermoiements, Emmanuel Macron a décidé de relancer la filière nucléaire française en annonçant en début d’année la construction de 6 nouveaux réacteurs EPR2 (avec une première mise en service en 2035) ainsi que le lancement d’une étude pour huit réacteurs supplémentaires d’ici 2050.

Pour pouvoir mener à bien ce chantier pharaonique, l’industrie nucléaire va devoir relever un premier défi de taille: recruter 10 à 15.000 personnes par an, dont 3000 chez EDF, sur la période 2023-2030, selon les estimations de l’énergéticien. Soit a minima 80.000 personnes.

Si le besoin de main-d’oeuvre de la troisième filière industrielle française (220.000 emplois répartis dans 3000 entreprises aujourd’hui) est aussi considérable, c’est qu’au-delà de la construction des nouveaux EPR qui mobiliseront 30.000 personnes, l’entretien et la rénovation des réacteurs existants dans le cadre du grand carénage nécessiteront parallèlement d’importants moyens humains. Avec de lourds travaux en perspective à l’heure où l’indisponibilité de 24 réacteurs sur 56, en partie à cause de problèmes inédits de corrosion, mettent en lumière le vieillissement et la fragilité du parc nucléaire tricolore.

« Il n’y a pas d’autre grande filière industrielle qui ait autant d’augmentations de charges dans les années qui viennent », a expliqué Alain Tranzer, délégué général à la qualité industrielle et aux compétences nucléaires chez EDF.

« Un salarié sur deux qui travaillera dans le nucléaire en 2030 n’est pas encore dans la filière », a-t-il ajouté.

Programme MATCH

Après des années sans visibilité faute de stratégie claire à la tête de l’Etat, le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (Gifen) se félicite de la volte-face d’Emmanuel Macron qui, deux ans après la fermeture de Fessenheim, veut désormais faire de l’atome l’un des piliers du mix énergétique français, aux côtés des renouvelables.

« La filière nucléaire va donc devoir recruter et c’est une excellente nouvelle. (…) Tout d’abord pour continuer à maintenir et exploiter le parc existant, puis en construisant de nouveaux réacteurs. La perspective ainsi donnée est un signal très positif et mobilisateur », se réjouit Olivier Bard, délégué général du Gifen.

Soudeur, ingénieur, chaudronnier, technicien contrôle… Pour affiner au mieux les besoins de main-d’oeuvre dans la filière, le Gifen pilote actuellement le programme « MATCH » qui permettra « d’estimer le besoin en recrutement dans plus de 80 métiers ». Ce programme dont les résultats définitifs sont attendus au premier trimestre 2023 « vise à doter la filière d’un véritable outil de pilotage pour avoir, collectivement, les compétences nécessaires au bon moment et faire face au plan de charge des projets », précise Olivier Bard.

Campagnes de communication

Si l’industrie nucléaire entend recruter massivement, encore faut-il pouvoir s’appuyer sur un vivier de candidats qualifiés. Or, en l’absence de grands projets depuis plusieurs années, les compétences dans le nucléaire tendent à se perdre. Et lorsqu’elles existent chez certains postulants, ces derniers préfèrent parfois se tourner vers d’autres filières plus attractives et à l’image moins écornée. A ce titre, le programme MATCH « permettra également d’avoir une vision plus spécifique sur les métiers en tensions », indique Olivier Bard.

Les représentants de la filière nucléaire ont d’ores et déjà renforcé les « campagnes de communication grand public et d’accueil d’étudiants sur sites, en stages, en alternance » pour mieux se faire connaître et renforcer leur attractivité, détaille Olivier Bard. « Il faut faire redécouvrir nos métiers techniques et leurs avantages dans une industrie qui s’inscrit pleinement dans les grands enjeux sociétaux de lutte contre le changement climatique et de souveraineté », souligne encore le délégué général du Gifen. Cela passe aussi par les réseaux sociaux où le groupement publie, entre autres contenus, des vidéos portraits d’employés de la filière.

La fédération professionnelle travaille en parallèle au développement de sa communication sur les formations du nucléaire auprès des étudiants. « Le sujet prioritaire est d’assurer une bonne connaissance des métiers et de rendre visible l’offre des formations qui y préparent. Ces formations sont déjà nombreuses », rappelle Olivier Bard, qui défend de surcroît « une « sensibilisation » aux métiers du nucléaire « dès le collège et le lycée ». « C’est important de susciter tôt les vocations techniques et les orientations appropriées », estime-t-il.

Développer les formations

Pour mieux valoriser ces formations, plusieurs acteurs du secteur se sont regroupés en 2021 pour créer l’Université des Métiers du Nucléaire. Son rôle vise aujourd’hui à mieux informer sur les différents cursus en lien avec le nucléaire, d’en travailler les contenus et d’assurer l’adéquation de l’offre et de la demande, en particulier en région.

Récement, la filière a décidé de lancer de nouveaux cursus avec l’ouverture d’une licence professionnelle et d’un master parcours radioprotection à Cherbourg (Manche). C’est dans cette même ville que la Haute École de formation en soudage verra prochainement le jour, à l’initiative d’EDF et d’Orano.

A compter de jeudi prochain, le lycée professionnel Emulation dieppoise de Dieppe (Seine-Maritime) proposera quant à lui une nouvelle formation de mécanicien en robinetterie nucléaire, en partenariat avec l’Education nationale et la région Normandie. Les diplômés iront ensuite directement travailler sur le chantier voisin de l’EPR2 de Penly qui débutera en 2027.

Un regain d’intérêt déjà visible?

Selon Olivier Bard, l’annonce de la construction de nouveaux réacteurs dans les prochaines années a d’ores et déjà suscité un regain d’intérêt pour la filière nucléaire, « notamment dans les cursus ingénieurs ». « A titre d’exemple, l’INSTN (Institut national des sciences et techniques nucléaires) qui propose un diplôme spécialisé en génie automatique connaît une augmentation du nombre d’étudiants dans ce master de presque 70% en 5 ans », affirme-t-il.

Il insiste enfin sur le « rôle crucial » des entreprises « dans la formation des professionnels de la filière », rappelant que « 30% des formations continues se font en interne, une fois les salariés en poste ». Au total, les entreprises du secteur ont mis en place plus de 1500 formations, ce qui en fait l' »une des filières qui forme le plus, avec 9 jours de formation en moyenne par an ».

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