La facture du projet de voie de contournement ferroviaire à Lac-Mégantic serait maintenant évaluée à 950 millions $. C’est ce qu’avancent les maires de Nantes et de Frontenac, d’après des informations obtenues par des sources gouvernementales.
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«Des gens près du dossier à Ottawa et à Québec me disent que le projet dans sa forme actuelle est évalué à 950 millions $. C’est énorme», a mentionné le maire de Nantes, Daniel Gendron.
Le maire de Frontenac, Gaby Gendron, dit avoir reçu la même information: «950 millions $ payé par les contribuables pour faire un cadeau au Canadien Pacifique, nous on n’endosse pas ça» Frontenac s’oppose depuis longtemps au tracé actuel de la voie de contournement notamment en raison .des risques liés à l’eau potable.
En 2018, Transports Canada parlait d’un budget de 133 millions $. Le gouvernement du Québec s’était alors engagé à payer 40 % de la facture totale. Le chiffre avancé aujourd’hui est sept fois plus élevé que l’estimation initiale.
De plus, un rapport d’investigation hydrogéologique mené par la firme Englobe qui vient d’être publié par Transports Canada confirme que les travaux de construction de la voie de contournement pourraient avoir un impact sur la nappe phréatique et sur la qualité de l’eau de plus d’une centaine de citoyens: «Les puits d’alimentation en eau souterraine pourraient être affectés par les activités de dénoyage en fonction de la quantité d’eau disponible pour l’approvisionnement de leurs puits. Il est aussi à noter qu’en fonction des activités anthropiques en amont hydraulique des puits, une contamination de l’eau souterraine est possible», lit-on dans le rapport.
Une autre solution?
La Fédération des producteurs forestiers de l’Estrie juge que le projet de demi-voie de contournement devrait être privilégié, dit son président André Roy: «Ça éviterait les risques liés à l’eau et en plus on économiserait des centaines de millions de dollars».
Cette demi-voie de contournement consiste à relier la nouvelle gare de triage à Lac-Mégantic au chemin de fer actuel, une idée «Farfelue, a qualifié la mairesse de Lac-Mégantic Julie Morin. Ça voudrait dire que le train passerait encore en partie dans le centre-ville, ce qui est absolument inacceptable. Le gouvernement s’est engagé à sortir de train d’ici, pour nous il n’y a pas de compromis à faire sur la sécurité de la population».
«Pour la mairesse de Lac-Mégantic, c’est inacceptable que le train passe dans un coin de leur centre-ville, mais c’est acceptable que des citoyens de Frontenac risquent de ne plus avoir une eau de bonne qualité? Pour nous c’est clair que la demi-voie de contournement est la meilleure solution», a répliqué le maire de Frontenac Gaby Gendron.
À Nantes, le conseil municipal est encore officiellement en faveur du tracé choisi par Transports Canada, mais ça pourrait bientôt changer. Une séance extraordinaire du conseil est prévue mardi soir: «Avec les nouvelles informations que nous avons concernant le coût et le rapport hydrogéologique, ce n’est plus certain que nous allons appuyer le tracé. On va se prononcer demain», a précisé Daniel Gendron, qui admet que le départ du directeur des projets majeurs d’infrastructure chez Transports Canada Luc-Alexandre Chayer pèsera aussi dans la balance.