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La « youtubisation » du football valorise les démonstrations de maestria individuelle

La « youtubisation » du football valorise les démonstrations de maestria individuelle


Le milieu brésilien de Manchester Antony, lors du match contre Tottenham, le 19 octobre à Old Trafford.

C’est une controverse à l’image du football : futile donc essentielle, surtout à un moment où les controverses autour du football n’ont rien de futile. Jeudi 27 octobre en Ligue Europa, Antony, l’ailier brésilien de Manchester United, après avoir reçu le ballon, a effectué une « toupie » en le faisant tourner deux fois autour de lui avant de délivrer une passe en profondeur.

Le jeune (22 ans) international, recruté cet été par l’Ajax pour 100 millions d’euros, a essuyé une vague de critiques contre l’inanité de son geste. « Un numéro comme ça, c’est bien si c’est utile, si vous ne perdez pas la balle, c’est OK. Mais si c’est juste pour faire un numéro, alors je le corrigerai », a lâché son entraîneur, Erik Ten Hag, qui avait remplacé le joueur après la pause.

D’anciens footballeurs ont été plus virulents, comme Paul Scholes – « Je ne sais pas ce qu’il fait. C’est juste ridicule. C’est de la frime, à quoi il pense ? » –, rejoint par Robbie Savage, qui a ajouté « embarrassant » à « ridicule ». Or, les Britanniques détestent être embarrassés.

Antony a tout de même eu des avocats : sa temporisation aurait permis à son partenaire de faire un appel de balle. Ce à quoi il serait également parvenu sans bouger. Le numéro aurait été mieux accepté, malgré son inutilité dans l’instant, s’il n’avait pas été suivi d’une perte de balle, la passe d’Antony filant hors de portée de tout coéquipier.

Geste signature

Pour les partisans du Brésilien, sa toupie est suffisamment étonnante et maîtrisée pour être saluée. Et de fustiger le vil utilitarisme qui condamnerait le spectacle dans un football rationalisé à l’extrême. Ses détracteurs n’y voient, eux, qu’un péché de vanité, surtout à 0-0 contre le modeste Sheriff Tiraspol.

Le joueur a en tout cas voulu exhiber son « geste signature », déjà accompli aux Pays-Bas, déposer sa marque comme auparavant Ronaldinho sur la « virgule ». Mais avec ce double contact du même pied, ce Brésilien-là cherchait à dribbler son adversaire – et y parvenait généralement. Le jeu aime les virtuoses s’ils sont à son service.

Le summum est bien de donner son nom à un geste, comme l’attaquant tchécoslovaque Antonin Panenka qui, pour exécuter un penalty, avait inventé en 1976 ce tir piqué plein axe afin de se jouer du plongeon du gardien. Un geste technique peut assurer la postérité à son auteur… s’il est efficace.

Il faut aussi savoir choisir le moment pour accomplir sa « spéciale ». Panenka avait mystifié le gardien ouest-allemand lors des tirs au but de la finale du championnat d’Europe. Lorsque le gardien colombien René Higuita réalise son légendaire « coup du scorpion » en 1995, c’est contre l’Angleterre à Wembley.

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