La pénurie d’enseignants est loin de tirer à sa fin, a convenu le ministre de l’Éducation de passage au micro de Philippe-Vincent Foisy sur Qub Radio mercredi matin.
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«En toute honnêteté, ça va prendre encore quelques années», a répondu Jean-François Roberge à la question de savoir si cette rentrée scolaire était la dernière à être affectée par le manque d’enseignants.
«Parce que justement, pendant encore un certain temps, il y a plus d’enseignants qui prennent leur retraite que de gens qui s’inscrivent en enseignement», a-t-il expliqué.
Même si ce problème est particulièrement important après les quatre années de la Coalition Avenir Québec au pouvoir, le ministre de l’Éducation sortant a défendu son bilan en la matière, rejetant le blâme sur les gouvernements précédents.
«La pénurie d’enseignants, elle s’est construite de 2010 à 2018», a dit M. Roberge, déplorant une «dévalorisation de l’éducation» pendant cette période qui aurait découragé des jeunes de se diriger vers cette profession alors même que de nombreux enseignants partaient à la retraite.
M. Roberge soutient que 9 à 10 % d’étudiants de plus fréquentent aujourd’hui les facultés de sciences de l’éducation qu’à l’arrivée du gouvernement Legault au pouvoir en 2018.
Selon le ministre, les effets des mesures prises au cours des quatre dernières années prendront encore un certain temps à se faire sentir, puisque la formation d’un enseignant prend quatre ans.
- Écoutez Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation sortant et candidat dans Chambly pour la CAQ, sur QUB radio:
Trois vitesses
Alors que des experts identifient comme la «priorité absolue» l’abolition de «l’école à trois vitesses» qui fait en sorte que les écoles privées subventionnées ainsi que les écoles publiques qui offrent des programmes particuliers – comme les concentrations en sport ou en arts, par exemple – s’arrachent les élèves qui performent le plus, Jean-François Roberge convient que «le réseau public a été négligé pendant des années», en ajoutant immédiatement que «ce n’est plus le cas».
Le ministre rappelle que 60 % des programmes particuliers sont gratuits dès cet automne, et il estime que le gouvernement va actuellement dans la bonne direction pour améliorer l’équité dans le réseau scolaire.
«Dans la mesure où le secondaire régulier n’est plus juste régulier, moi j’ai l’impression que ça va être une Ferrari notre secondaire», a-t-il lancé.
M. Roberge a également lancé une pointe à Québec solidaire et à sa proposition de couper le financement public aux écoles privées.
«Je pense que ça amène de grandes iniquités. Ça veut dire que des gens qui sont très riches pourraient aller dans des écoles ou les frais seraient très très élevés. Bye bye la classe moyenne et les gens qui sont moins bien nantis. Je pense qu’ils vont creuser un fossé tel que plus personne ne pourra traverser», a-t-il déclaré.
Sport
La proposition des conservateurs d’obliger les enfants à faire 30 minutes de sport par jour n’est pas une mauvaise idée, mais elle ne tient pas compte du contexte, juge le ministre de l’Éducation.
«Personne n’est contre la vertu (…). Je pense qu’il faut d’abord passer à travers la pénurie d’enseignants», a-t-il dit.
«Une proposition qui implique d’ajouter des milliers d’enseignants dans les deux prochaines années est une proposition qui ne tient pas compte du contexte», a-t-il ajouté.