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Face aux déserts médicaux, le pari de la « responsabilité collective »

Face aux déserts médicaux, le pari de la « responsabilité collective »


Le ministre de la santé, François Braun, à Craon (Mayenne), le 10 octobre 2022.

Peut-on lutter contre les déserts médicaux et améliorer l’accès aux soins, érigé en priorité politique en ce début de second quinquennat Macron, en jouant la carte d’une meilleure « coordination » sur le terrain ?

La stratégie du partage (voire de la délégation) de compétences entre médecins, personnels médicaux et paramédicaux ne fait plus, à première vue, figure de « chiffon rouge ». Moins, en tout cas, que la coercition à l’installation défendue par certains élus mais rejetée, en bloc, par les médecins. Elle a par ailleurs les faveurs du ministère de la santé et, officiellement aussi, des acteurs de terrain. Sur le principe, tout le monde semble d’accord pour mieux « se coordonner » et dégager du « temps soignant » – rares sont ceux, en tout cas, qui se disent contre, à l’heure où six millions de Français n’ont pas de médecin traitant.

Mais dans les faits ? Difficile de comprendre, à ce stade, qui est prêt à déléguer quoi. Plus de deux mois après leur réunion au sein du comité de liaison des institutions ordinales, les ordres de santé concernés (médecins, infirmiers, pharmaciens, kinésithérapeutes…) tardent à se positionner collectivement. Ils avaient serré les rangs, cet été : dans un communiqué en date du 20 juillet, ils rappelaient l’« importance d’un travail commun pour faire évoluer le parcours de soins des patients et répondre aux difficultés d’accès aux professionnels de santé ». Une « autosaisine », selon la version partagée. Autosaisine « très appuyée », souffle-t-on de l’Avenue de Ségur.

« Prendre ses responsabilités »

Leur copie était attendue pour la fin septembre. Elle devrait être officialisée « incessamment sous peu », assure-t-on dans les rangs dudit comité. « Deux semaines de retard, au regard des changements en débat, c’est à relativiser », justifie un participant.

Le temps presse. En marge de l’inauguration du volet « santé » du Conseil national de la refondation, le 3 octobre au Mans, le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, a fait savoir que le gouvernement était prêt à « prendre ses responsabilités » faute d’accord entre les soignants. Devant un parterre d’acteurs de la santé sarthois, François Braun a rappelé la situation d’impasse dans laquelle bon nombre de Français se trouvent. Dans un département comme la Sarthe, le nombre de médecins généralistes libéraux est de 59 pour 100 000 habitants, contre 85 pour 100 000 en moyenne nationale.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés Il faut « valoriser l’exercice particulier de la médecine dans les déserts médicaux par la création de stages avant l’internat »

Or, des « leviers » existent, a défendu le ministre. Levier des « assistants médicaux », ces personnels qui, en prenant en charge des tâches administratives et des gestes techniques, permettent d’accueillir jusqu’à 10 % de patients en plus par médecin. Leur nombre devrait être porté à 10 000 à l’horizon 2025 – contre un peu moins de 4 000 à ce jour –, a promis le ministre. Autres leviers invoqués, les maisons de santé et les communautés professionnelles territoriales de santé qui favorisent l’« exercice coordonné », selon l’expression convenue, et permettent d’attirer les personnels de santé dans des territoires isolés. Le ministère s’est fixé pour objectif, d’ici à la fin 2023, d’en « mailler » tout le territoire. « C’est l’organisation par laquelle nous gagnerons le pari de la responsabilité collective », a martelé François Braun.

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