Deux superordinateurs « Cray », les premiers supercalculateurs de Suisse, vont être restaurés avant d’être exposés au public. Longtemps entreposés à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), ils vont trouver une seconde vie au Musée de l’informatique Bolo à Ecublens (VD).
Conçu dans les années 70-80 par l’Américain Seymour Cray, le superordinateur du même nom ressemble à un banc bleu et jaune. Ce demi-cercle de 2 mètres de diamètre pèse plusieurs tonnes et est le premier supercalculateur utilisé en Suisse.
« Le superordinateur de Cray était bleu et jaune, mais on pouvait choisir les couleurs quand on achetait l’ordinateur », se remémore Cédric Gaudin, président de la Fondation Mémoires Informatiques. « On pouvait s’asseoir dessus, c’est-à-dire sur l’alimentation et le système de refroidissement. »
Les plus performants de l’époque
Le superordinateur « Cray » a été conçu par l’ingénieur du même nom dans les années 70. [Keystone]Ces deux superordinateurs ont été utilisés à l’époque par le CERN à Genève et l’EPFL à Lausanne. A ce moment-là, il s’agissait des calculateurs les plus rapides au monde.
« On prend deux tableaux de nombres et on peut faire une addition. On obtient le résultat également sous forme de tableaux, et ça en une seule opération. C’est là où ces ordinateurs étaient très efficaces. A l’époque, il n’y avait pas plus rapide », explique le directeur du Musée Bolo.
Ancêtres des micro-ordinateurs, ces tout premiers supercalculateurs, en plus d’être les plus efficaces, étaient très chers. « Cela coûtait plusieurs millions de francs suisses, à l’époque. Je disais que c’était les sièges d’amour les plus chers du monde », raconte Cédric Gaudin.
Consommation énergétique élevée
Remplacés progressivement par des modèles plus performants et moins énergivores, ces superordinateurs exigeaient une installation conséquente pour les faire fonctionner.
« Il fallait un système de refroidissement au fréon », détaille-t-il. Il s’agit d’un gaz froid non-toxique et ininflammable, dont l’utilisation a drastiquement baissé, voire été interdite depuis une dizaine d’années, en raison notamment de conséquences écologique néfastes.
Le directeur indique aussi que « le système d’alimentation des ordinateurs demandait une transmission de puissance à 400 hertz », utilisée habituellement dans l’aviation ou la marine. Les téléphones d’aujourd’hui sont beaucoup plus puissants que ces supercalulateurs, ajoute-t-il.
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Influence sur la Pop Culture
Dans le monde du cinéma, ces superordinateurs ont permis de générer les effets spéciaux informatiques du film Tron, réalisé par Steven Lisberger en 1982. Ils ont également inspiré le supercalculateur dans la série animé Code Lyoko en 2003.
Le déménagement a été financé par l’EPFL. Certaines pièces doivent toutefois être restaurées et nettoyées. Le Musée Bolo a lancé un appel au financement participatif pour rassembler les 25’000 francs nécessaires à leur restauration.
Le musée explique qu’il souhaite aussi compléter cette remise en état avec une nouvelle exposition temporaire, consacrée à l’histoire de ces superordinateurs et de leur inventeur, l’Américain Seymour Cray.
Propos recueillis par Maria Blasco
Adaptation Web : ats/Raphaël Dubois