La Pologne a placé son armée en état d’alerte renforcée après avoir été atteinte par ce qu’elle a décrit comme un missile « très probablement de fabrication russe », qui a fait deux morts et pourrait marquer une escalade majeure du conflit en Ukraine avec l’implication d’un pays membre de l’OTAN.
D’abord très prudentes en début de journée, les réactions internationales ont fusé mardi dans la foulée de la confirmation polonaise de ce tir dans le sud-est du pays.
• À lire aussi: Situation «critique» en Ukraine après de nouvelles frappes russes massives
• À lire aussi: La Pologne relève le niveau d’alerte de certaines unités militaires
• À lire aussi: C’est quoi, au juste, l’article 5 de l’OTAN?
- Écoutez la brève d’actualité avec Alexandre Moranville sur les ondes de QUB radio :
« À 15 h 40 (heure de Pologne), dans le village de Przewódow, un projectile de fabrication russe est tombé, tuant deux citoyens », a d’abord affirmé le ministère polonais des Affaires étrangères.
Un peu plus tard, le président polonais, Andrzej Duda, a semblé temporiser, relevant qu’il n’y avait à ce stade pas de « preuve équivoque » sur l’auteur du tir du missile meurtrier, « très probablement de fabrication russe », selon lui. « Une enquête est en cours », a-t-il ajouté, affirmant qu’il s’agissait d’un incident « isolé ».
Les dirigeants des grandes puissances du G7 (États-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Canada, Japon) ont tenu mercredi matin une réunion d’urgence en Indonésie, en marge du sommet du G20, au sujet de ce missile.
- Écoutez l’entrevue avec Justin Massie, professeur au département de science politique de l’UQAM, co-directeur du Réseau d’analyse stratégique sur QUB radio :
Le président américain, Joe Biden, a déclaré à l’issue de cette rencontre que des informations préliminaires suggèrent qu’il est peu probable que le missile ait été tiré depuis la Russie.
La Pologne, qui partage une frontière avec l’Ukraine, est membre de l’OTAN, et quelque 10 000 militaires américains se trouvent dans le pays.
Photo REUTERS
Un missile russe aurait frappé une ferme de grain à Przewodów, dans l’est de la Pologne, à la frontière de l’Ukraine, mardi, suscitant de l’inquiétude dans le monde.
Le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, doit d’ailleurs tenir mercredi une réunion d’urgence avec les pays membres.
Appel au calme
Paris, Londres et Berlin ont assuré Varsovie de leur soutien. Le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a appelé les Polonais à garder le calme face à cette tragédie.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exprimé ses « condoléances pour la mort de citoyens polonais victimes de la terreur des missiles russes ».
De son côté, Moscou a qualifié les accusations de tirs russes sur le sol polonais de « provocations ».
Si une attaque d’origine russe était confirmée, cela constituerait une aggravation sérieuse du conflit en Ukraine.
Ailleurs, des frappes ukrainiennes sur la région russe de Belgorod ont fait deux morts et trois blessés.
D’autres frappes massives sur l’Ukraine ont eu lieu mardi, soit quatre jours après le retrait des forces russes d’une partie de la région de Kherson.
Des bémols
Plus près de nous, le professeur de science politique au Département des sciences humaines à l’Université de Chicoutimi Michel Roche n’y voit pas d’aggravation du conflit qui mènerait à une escalade dangereuse.
Selon lui, le projectile tombé en Pologne serait de nature accidentelle.
« Je serais vraiment surpris. Attendons un peu. Ça me semble involontaire. La Russie n’aurait aucun intérêt à faire en sorte que l’OTAN augmente la pression sur elle. Depuis quelques semaines, je vois se multiplier les signes pour que des négociations d’un cessez-le-feu soient entreprises », affirme M. Roche.
Les missiles sur la Pologne ne seraient qu’une bavure des troupes militaires de Poutine, estime un autre expert, Charles-Philippe David, fondateur de la Chaire de recherche Raoul-Dandurand.
Selon lui, une cible plus stratégique aurait été choisie si l’armée russe avait voulu envoyer un message délibéré.
Chose certaine, une entrée en guerre est peu probable, estime-t-il.
– Avec Jean-François Racine et l’Agence QMI
L’article 5 de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dit ceci : « Si un État membre est victime d’une attaque armée, les autres considéreront cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendront les mesures jugées nécessaires pour venir en aide au pays attaqué. »
