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Deux mois après la rentrée scolaire : plus de 1600 postes vacants dans les écoles du Québec

Deux mois après la rentrée scolaire : plus de 1600 postes vacants dans les écoles du Québec


Plus de 1600 emplois, dont près de 450 postes à temps partiel d’enseignants, sont toujours vacants dans les écoles québécoises deux mois après la rentrée scolaire, a appris Le Journal.  

Ce nombre pourrait même être encore plus élevé en réalité, puisqu’il provient d’une collecte de données réalisée par le ministère de l’Éducation, à laquelle seulement 51 des 72 centres de services scolaires ont répondu.  

Ce total comprend des postes à temps plein et à temps partiel d’enseignants, mais aussi de professionnels et de personnel de soutien (voir encadré et autre texte plus bas). 

En date du 12 octobre, 446 postes d’enseignants à temps partiel n’étaient pas pourvus dans le réseau scolaire, selon des données du ministère de l’Éducation.  

Cette catégorie fait référence aux «contrats à temps partiel, de remplacements et à la leçon», puisqu’elle regroupe tous les emplois vacants «à l’exception des postes réguliers à temps plein», indique son porte-parole, Bryan St-Louis. Les contrats de remplacement de congé de maternité ou de maladie, même s’ils sont à temps plein, font donc partie de cette catégorie.  

Une même personne pourrait toutefois occuper plus d’un poste à temps partiel, si bien que le nombre de profs recherchés n’est pas nécessairement le même que le nombre total de postes vacants à temps partiel, précise M. St-Louis. 

Depuis le début de l’année scolaire, Québec avait refusé de rendre publiques ces données, se limitant à diffuser des chiffres sur le nombre de postes réguliers à temps plein non pourvus, qui s’élève à 96 en date du 19 octobre.  

Des acteurs de l’éducation avaient dénoncé ce manque de transparence de la part du ministère, à qui on a reproché de vouloir masquer une partie importante de la réalité.  

Ces nouveaux chiffres ont d’abord été obtenus par Le Journal à la suite d’une demande d’accès à l’information et ils ont été mis à jour par la suite.  

«Ce qui est inquiétant, c’est que comparativement aux autres années, le nombre de postes vacants ne diminue pas vraiment d’une semaine à l’autre. On n’a plus personne pour les combler, ces postes-là», affirme Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE). 

Le nombre de postes à temps complet à pourvoir a d’ailleurs connu une augmentation dernièrement, passant de 66 à 96 entre le 12 et le 19 octobre. 

Manque criant de suppléants 

La situation est encore plus «dramatique» au niveau de la suppléance, ajoute la FQDE. 

«Aussitôt qu’on a une demande pour de la suppléance, on n’y arrive plus», lance Nicolas Prévost. Les autres employés de l’école sont alors appelés en renfort pour faire ce qu’on appelle du «dépannage». Un groupe d’élèves peut alors voir défiler devant la classe jusqu’à cinq adultes différents au cours d’une même journée. 

À la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), on affirme aussi que la situation est «criante».  

«Une pénurie comme ça, on n’avait jamais vu ça», lance sa présidente, Josée Scalabrini. 

Alors qu’une nouvelle ronde de négociation s’amorce avec Québec pour le renouvellement des conventions collectives, Mme Scalabrini lance un appel au nouveau ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.  

«Une des solutions importantes» à la pénurie passe par l’amélioration des conditions de travail des enseignants, affirme la présidente de la FSE. Pour y arriver, il faut revoir la composition de la classe, alléger la tâche des profs et ajuster la taille des groupes d’élèves, selon la fédération syndicale qui a rendu publiques ses demandes lundi. 

«Ça va nous prendre des signaux forts. Parmi ces signaux-là, l’amélioration des conditions de travail devra être au rendez-vous. On est capable de renverser la vapeur si tout le monde travaille ensemble», affirme Josée Scalabrini. 

Des centaines de postes de professionnels vacants dans les écoles 

Il n’y a pas que les enseignants qui manquent à l’appel dans le réseau scolaire, qui est aussi à la recherche de plus de deux cents psychologues et orthophonistes à temps plein. Au total, environ 500 postes de professionnels sont toujours vacants, selon la fédération syndicale qui les représente. 

À la mi-octobre, il y avait 119 postes de psychologues et 97 postes d’orthophonistes vacants dans les écoles québécoises, selon des chiffres du ministère de l’Éducation, sans compter ceux à temps partiel (voir encadré). 

Or la pénurie de psychologues existe depuis déjà plusieurs années dans le réseau scolaire, où leur nombre est en déclin constant. En 2010, on en retrouvait 1039 comparé à 881 en 2022, selon les chiffres de l’Ordre des psychologues du Québec, alors qu’au cours de la même période, le nombre d’élèves a plutôt augmenté. 

«La situation s’est définitivement aggravée et c’est préoccupant», affirme sa présidente, Christine Grou. 

Plusieurs raisons peuvent expliquer la situation, ajoute-t-elle. Les psychologues scolaires doivent parfois se déplacer dans plusieurs écoles différentes, n’ont pas toujours accès à des locaux adaptés à leur travail et ont souvent l’impression «d’éteindre des feux», explique Mme Grou. 

Le son de cloche est le même du côté de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec. Son président, Paul-André Gallant, constate «un essoufflement» parmi ses membres qui travaillent dans le réseau scolaire, où les besoins sont immenses, rappelle-t-il.  

«Même si on arrivait demain matin à combler la centaine de postes vacants, il y aurait probablement encore des orthophonistes qui devraient faire quatre ou cinq écoles et qui ne verraient pas les enfants au-delà de la deuxième année», affirme-t-il. 

À la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec, on considère que le réseau scolaire est arrivé près du point de rupture.  

Selon un récent rapport du Protecteur du citoyen, 42% des parents d’élèves à besoins particuliers ont été invités à faire appel au privé pour obtenir des services pour leur enfant, parce que l’école n’était pas en mesure de lui en fournir. 

«C’est quoi notre modèle de services publics que l’on veut au Québec? Il y a de sérieuses questions à se poser. Je pense qu’on est rendu pas mal à la croisée des chemins» affirme M. Landry, pour qui la solution passe par une bonification du salaire et des conditions de travail des professionnels dans le réseau scolaire. 

Enseignants

  • 96 postes à temps plein* 
  • 446 postes à temps partiel

AUTRES CATÉGORIES D’EMPLOIS

Psychologues

  • 119 postes à temps plein
  • 45 postes à temps partiel

Orthophonistes

  • 97 postes à temps plein
  • 42 postes à temps partiel

Éducateurs en service de garde

  • 25 postes à temps plein
  • 528 postes à temps partiel

 Techniciens en éducation spécialisée

  • 89 postes à temps plein
  • 136 postes à temps partiel

Total : 1623 postes

*En date du 19 octobre

Source : collecte de données réalisée par le ministère de l’Éducation auprès de 51 des 72 centres de services scolaires en date du 12 octobre 2022

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