Après avoir pris 30 livres pendant la pandémie de COVID-19, le sergent d’état-major de l’armée américaine Daniel Murillo retrouve enfin sa forme de combattant. Les confinements précoces, les heures interminables passées sur son ordinateur portable et le stress accru ont conduit Murillo, 27 ans, à se tourner vers des cookies et des chips dans les casernes de Fort Bragg en Caroline du Nord. Les gymnases étaient fermés, l’exercice organisé était exclu et la motivation de Murillo à s’entraîner seul était faible.
Murillo n’était pas le seul militaire confronté à un excès de poids. De nouvelles recherches ont révélé que l’obésité dans l’armée américaine avait explosé pendant la pandémie. Dans l’armée seule, près de 10 000 soldats en service actif sont devenus obèses entre février 2019 et juin 2021, portant le taux à près d’un quart des troupes étudiées. Des augmentations ont également été constatées dans l’US Navy et les Marines.
Les troupes en surpoids et obèses sont plus susceptibles de subir des blessures et moins aptes à supporter les exigences physiques de leur profession. Chaque année, l’armée perd plus de 650 000 jours de travail en raison du poids supplémentaire et les coûts de santé liés à l’obésité dépassent 1,5 milliard de dollars pour les membres actuels et anciens du service et leurs familles, selon une recherche fédérale.
Les dirigeants militaires mettent en garde contre l’impact de l’obésité sur l’armée américaine depuis plus d’une décennie, mais les effets persistants de la pandémie soulignent la nécessité d’une action urgente, selon le général de brigade à la retraite du corps des Marines Stephen Cheney, qui a co-écrit un rapport sur le problème.
Dans l’année fiscale 2022, l’armée n’a pas atteint son objectif de recrutement pour la première fois, manquant de 15 000 recrues, soit un quart de l’exigence. C’est en grande partie parce que trois quarts des Américains âgés de 17 à 24 ans ne sont pas éligibles pour le service militaire pour plusieurs raisons, notamment parce qu’ils sont en surpoids. Être en surpoids est le plus grand disqualifiant individuel, affectant plus d’un recruteur potentiel sur dix.
Il sera nécessaire de prendre des mesures globales pour aborder le problème, notamment en examinant la nourriture proposée dans les cafétérias militaires, en comprenant les modes de sommeil et en traitant les soldats ayant des problèmes tels que le syndrome de stress post-traumatique. Considérer l’obésité comme une maladie chronique nécessitant des soins complets, et non pas simplement de la volonté, est essentiel. Une nouvelle catégorie de médicaments anti-obésité efficaces, notamment le sémaglutide, commercialisé sous le nom de Wegovy, pourrait être un outil puissant.
